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Nouvelles formes d’apprentissages à l’ère numérique | Maud Laurent pour DOCaufutur

Le numérique chamboule tout, y compris l’enseignement. Les nouvelles générations exerceront plusieurs métiers dans leur vie, métiers qui d’ailleurs n’existent pas encore. L’objectif n’est plus de faire apprendre par cœur mais d’apprendre à apprendre et à chercher les informations via les outils numériques. 

Sandrine Cathelat, directrice associée et directrice de recherche chez Netexplo, affirme que le numérique a apporté 3 préceptes majeurs sur les bancs de l’école :

  • Nous pouvons nous informer librement et gratuitement (Internet, moteurs de recherches),
  • nous pouvons tous prendre la parole (blog, réseaux sociaux, chaîne youtube),
  • nous sommes en lien les uns avec les autres.

« Aujourd’hui, le corps professoral – les sachants –n’est plus le seul à être sur l’estrade pour dispenser un savoir. L’élève a toujours été dans une posture passive : tu te tais, tu écoutes et tu réussis! Mais aujourd’hui, chacun peut apprendre par lui- même ou auprès de pairs; et appartenir à une communauté qui s’intéresse aux mêmes sujets. Ceci se prolonge dans le monde réel, au sein des Fablab par exemple. Il n’y a ainsi plus de sélection à l’entrée et le seul prérequis est la motivation » explique la chercheuse.

Tout ceci se déroule en dehors du système scolaireSelon l’experte, notre futur est un monde chaotique et imprévisible dans lequel l’être humain devra imaginer, réfléchir, prendre position et inventer. Le monde de l’enseignement doit former les élèves à ces nouvelles compétences.

Rester fidèle à ses valeurs humanistes tout en anticipant les nouvelles tendances à la mode, c’est le défi du monde de l’enseignement, selon Jean-Christophe Hauguel, coordinateur du groupe de travail « innovation pédagogique » au sein de la conférence des grandes écoles. Il a constaté au fil de ses recherches que l’enseignement supérieur est très ancré sur la recherche mais beaucoup moins sur la pédagogie. Les membres de la conférence des grandes écoles ont publié un livre blanc à ce sujet. Pédagogie inversée, learning expedition, e-learning, plateforme collaborative en mode projet sur différentes séquences… L’enseignant a beaucoup de nouvelles modalités à tester et expérimenter en classe. Le but aujourd’hui est d’apprendre à apprendre tout au long de sa vie afin de préparer les élèves au monde du travail à l’ère digitale.

« Nous conseillons de valoriser les pédagogies innovantes dans le recrutement et l’évolution de carrière des enseignants, de réfléchir à une organisation pour prendre en compte ces nouveaux processus à travers une cellule d’accompagnement des professeurs, ou encore la création d’une commission d’évaluation de la pédagogie » indique Jean-Christophe Hauguel.

Une pédagogie hors les murs et « out of the box » (qui sort du cadre). 

Yann Truong est enseignant-chercheur en Digital Management et Directeur du MSc Digital Leadership. Au sein de l’école de management BSB-Campus de Lyon dans laquelle il enseigne, ont été mis en place des ateliers digitaux, deux jeudis soir par mois.

« Nous sommes ici dans une pédagogie hors les murs où la création et la co-création sont les mots d’ordre. Nos étudiants ne sont pas spécialisés en numérique mais nous leur offrons ces ateliers facultatifs pour former au numérique ceux qui perçoivent le digital comme une opportunité ».

Pour ces ateliers, pas de systèmes d’évaluation comme dans un cours classique. Les étudiants doivent remplir des challenges sur plusieurs semaines tels que « augmenter vos contacts de 20% sur votre profil LinkedIn ». Chacun gère son temps comme il le souhaite. Les animateurs – et non professeurs – sont là pour guider les élèves. Il peut arriver que sur certains sujets, des élèves aient plus de connaissances que l’animateur lui-même.

« On le sait, l’écosystème s’enrichit avec des diversités d’audience. Nous avons donc décidé d’ouvrir nos ateliers digitaux à toutes les personnes qui souhaitent venir, et ce, gratuitement » révèle l’enseignant.

Des établissements où les projets priment sur les cours.

Stephan Galy est en train d’ouvrir, comme il l’appelle, l’école de la 4ème révolution industrielle, nommée IRIIG. Il souhaite qu’elle devienne l’école de référence en matière de management de l’innovation.

« Les compétences sur lesquelles nous allons insister sont les quatre C : Créativité, esprit Critique, Communication, et Coopération » explique le futur directeur.

En premier lieu, le campus de l’école ne fera qu’un avec le H7, incubateur/accélérateur et futur lieu totem de la French Tech à Lyon. Les élèves y suivront  leurs cours, mais aussi et surtout, travailleront en mode projet directement pour des startups et des entreprises partenaires. Le but est de créer une émulation entre startups et élèves et qu’ainsi naissent de véritables innovations directement utilisables et valorisables.

« Nous sommes dans une logique de learning by doing, d’apprentissage dans l’action. Les élèves seront aidés dans leur parcours par des experts au triple profil. Ils ont tous en effet déjà créé au moins une entreprise, exercé dans un grand cabinet de conseil et une longue expérience de l’enseignement ».

Les cours en face à face ne représenteront que 20 à 30% du temps d’enseignement.

« Avant, les élèves devaient répondre à une problématique. Aujourd’hui, ils doivent savoir préalablement  identifier la problématique avant d’être capables d’y apporter une réponse en conditions réelles et pour le compte d’un vrai client ». 

42 est un célèbre établissement d’enseignement du code informatique qui propose une pédagogie basée sur l’autoformation. Connu pour sa « piscine », une session immersive qui décide de l’admission à « 42 », ce lieu d’apprentissage n’a pas de professeurs. Les élèves doivent passer 21 niveaux par eux-mêmes.

« Nous offrons une réponse aux besoins des entreprises et de la société. Nous apprenons aux élèves les bases et à apprendre à apprendre pour qu’ils puissent ensuite chercher à aller plus loin ».

42  utilise par exemple le peercorrecting, c’est-à-dire que les élèves se corrigent entre eux. Benny Scetbun, directeur pédagogique à 42, pense que l’on pourrait reproduire ce modèle d’enseignement dans les métiers manuels et notamment de l’artisanat.

« Le fait de réaliser des projets, de s’aider entre pairs, d’utiliser Internet serait tout à fait pertinent dans le monde ouvrier et celui de l’artisanat. Le développement est d’ailleurs pour moi une forme d’artisanat ».

Le numérique n’est qu’un outil qui permet à l’enseignement de se concentrer sur la collaboration, la recherche d’information, l’agilité … des compétences indispensables pour exercer les métiers du futur.

Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.