Les industries graphiques ont toujours eu pour maîtres mots production et commerce. Alors que les métiers se transforment, l’arrivée du digital leur impose surtout de se doter d’une culture du service pour survivre.
Nous voyons apparaître de nouveaux métiers dans les arts graphiques : chef de projet digital, digital publisher, etc. alors que des métiers comme celui de photocomposeur ont quasi disparu. Julien Etienne de Fuel Digital n’aime pas parler pas de rupture. « C’est un cycle continu qui transforme les métiers. Un conducteur offset par exemple va pouvoir se transformer en un conducteur de presse numérique » précise t-il.
L’adage ‘produire plus pour gagner plus’ ne marche plus! Les commandes sont plus petites mais aussi plus variées. Directeur Développement du groupe Diffusion plus, Loïc Lefebvre nous confie que, s’il y a 10 ans, le groupe investissait à 100% dans des machines, aujourd’hui 50% des investissements sont destinés à l’IT. « Data, marketing direct, multicanal, … Certains prestataires de services ont décidé d’intégrer des agences digitales en leur sein pour élargir leur palette de services et pour personnaliser les messages ».
Un management plus flexible et des profils plus divers
Il s’agit de d’accompagner les clients sur le multicanal en acceptant de faire rentrer des personnes aux profils différents de ce dont le monde de l’industrie a l’habitude. Se doter de regards neufs avec des consultants, des directeurs de projets, des profils commerciaux … est essentiel pour se transformer. « Il faut réussir à faire cohabiter des profils distincts et de différentes générations. Les anciens possèdent le patrimoine de la société et l’expérience ; quant aux jeunes c’est plutôt l’innovation et leur capacité à faire rêver qui est intéressant. C’est ce binôme qui peut convaincre nos clients historiques de nous suivre sur de nouveaux produits » assure Loïc Lefebvre.
Le papier reste encore et toujours le premier vecteur de communication aujourd’hui. Benjamin Buffet, directeur marketing de DMS prévient cependant qu’il faut savoir l’utiliser au bon moment et au bon endroit. « L’impact sur le consommateur sera bien moindre, voire négatif, si on ne réfléchit pas à une stratégie de convergence des médias » prévient-il. Les clients sont multi écrans et c’est pour cela qu’il est nécessaire d’intégrer cette dimension « usage » dans la communication imprimée traditionnelle et dans le marketing direct. Des plateformes permettent notamment de gérer des campagnes en automatique, d’harmoniser le message et d’obtenir des statistiques sur les taux de retour et autres impacts sur le consommateur.
Les outils digitaux que l’on greffe par exemple à un outil web to print vont pouvoir fluidifier le parcours client et éviter les obstacles. « Les industries graphiques doivent absolument sortir de leur zone de confort en multipliant leurs cœurs de métier pour l’enrichir de métiers connexes. Pour ajouter de nouvelles cordes à son arc, le management doit être moins pyramidal. L’agilité et la flexibilité sont la clé pour faire de la transformation numérique une chance pour la chaîne graphique » selon Julien Etienne.
Le digital impacte toute la stratégie globale des industries graphiques en termes de machines, de management, de services et de canaux utilisés. Les Arts graphiques doivent avoir conscience qu’il est essentiel pour eux d’opérer tous ces changements.