Les startup françaises poussent comme des champignons au sein d’un écosystème plein de promesses de succès. Ce contexte entrepreneurial ne laisse pas indifférent les grandes entreprises qui voient dans leur rapprochement avec les startup une manière de réussir leur transformation digitale. Côté startup, c’est une promesse de moyens financiers, humains et techniques considérables.
« Face à la déferlante du numérique, les grands groupes peuvent se faire ‘uberiser’. L’un des moyens de surfer sur la vague du numérique est de travailler avec les startup » affirme Hugues Hansen, de Start’inPost. Stimuler l’innovation est un moyen efficace d’appréhender ce nouveau contexte mouvant. Start’inPost est un accélérateur de startup du groupe La Poste. Il accompagne, en deux étapes, des startup qui proposent des produits en phase de commercialisation ou déjà commercialisés. « Après avoir testé le produit de la startup sur le terrain avec les
prestations et les clients de la Poste, nous lui apportons un retour de marché. Si celui-ci est positif nous entrons dans une deuxième phase qui consiste à démarcher des clients, former nos commerciaux au produit, lancer des campagnes de communications,… ». Ces innovations issues des startup viennent in fine enrichir la palette de produits du groupe La Poste. Les accélérateurs de startup permettent également d’effectuer de la veille professionnelle active et d’être au courant de toute nouvelle innovation dans l’écosystème startup.
Créer une émulation chez les collaborateurs, proche de la culture startup
Les grands groupes et les startup ont chacun des idées innovantes. Ce qui diffère, c’est la longueur des processus entre le stade de l’idée et le prototypage. Le laboratoire d’innovation Youmeo l’a bien compris. « Nous créons les conditions, les méthodologies et les process pour qu’en 6 mois, les grandes entreprises développent un premier prototype, un ‘minimum viable product’ » explique Martin Mayer, cofondateur de Youmeo. Après les premiers retours clients, le prototype est réajusté et réadapté pendant plusieurs mois, avant d’entrer en phase de test. Pour ce faire, chacun laisse son titre et sa fonction à la porte. Les collaborateurs présents sur la base du volontariat se réunissent en groupes pluridisciplinaires afin de créer une émulation proche de la culture startup. « L’impulsion doit venir également des RH qui vont transformer le management en le rendant moins hiérarchisé et insuffler aux salariés un réflexe de prise de risque et d’agilité en allégeant les process bureaucratiques qui peuvent être parfois très lourds » ajoute Martin Mayer.
Pour augmenter sa capacité à innover et à s’adapter, l’entreprise Criteo joue beaucoup sur le management et les ressources humaines. Cette ancienne startup dans le marketing digital a aujourd’hui 31 bureaux et est présente dans 17 pays avec plus de 2100 employés. Elle a souhaité garder son agilité et l’esprit startup du début et cela semble être la clé de son succès. Olivier Giovanni, DRH du pôle Recherche et Développement indique que Criteo souhaite donner une responsabilité à chaque collaborateur en mettant en valeur sa capacité d’entreprendre. « Et cela se passe dès la phase de recrutement. Nous souhaitant avoir les meilleurs talents dans leur domaine, que ce soit en termes de savoir faire mais également de savoir être. Prise d’initiative, esprit entrepreneurial et agilité intellectuelle sont primordiales » précise-t-il. Lorsque les salariés sont en poste, la direction partage la stratégie globale et les objectifs à long terme. Par contre, leur travail au quotidien relève de leur responsabilité, « chez Criteo, on ne leur explique pas ce qu’ils doivent réaliser au jour le jour » précise Olivier Giovanni. Cette liberté d’entreprendre se reflète aussi à travers leur ‘programme 10%’ qui permet aux salariés de travailler sur un projet non lié à leur poste durant 10% de leur temps de travail. Ces projets souhaitent améliorer les process en entreprise, par exemple les économies d’énergie. Les employés peuvent partir entre 2 et 6 semaines par an à la découverte d’une nouvelle équipe de Criteo et donc d’un nouveau métier. « Nous sommes en recherche constante de performance, de modernité et de challenge ».
Les hackathons, des événements reflétant un nouvel état d’esprit des grandes entreprises
« Je pense que les entreprises ont besoin de casser les silos et de travailler de manière plus transverse » indique Anne-Sophie Scher, Responsable marque et communication interne chez IBM France. Pour cela, IBM a mis en place des Hackathons. Ce mot « valise » issu de « hack » et de « marathon » est un événement ponctuel de travail collaboratif autour d’objectifs définis. Des personnes motivées et aux compétences variées (designers, développeurs, marketeurs,…etc.) s’affrontent en équipe le temps d’un week-end ou plus pour concevoir un prototype. Étiré sur 5 semaines en interne, le hackathon IBM s’est déroulé au printemps dernier et avait pour thème les technologies cognitives. Pour Anne-Sophie Scher, « cet événement a engendré une vraie spirale collective et positive, qui a accéléré l’ouverture d’esprit, l’acquisition de nouvelles compétences et la motivation des équipes au sein de notre entreprise ». Pour donner suite à cet élan, IBM a proposé aux finalistes de l’Hackathon de rejoindre un groupe « THINKmakers » pour donner vie aux projets imaginés au printemps dernier. Cet espace d’intraprenariat sera ouvert à des clients d’IBM pour renforcer la prise en compte des besoins clients et conserver l’esprit d’émulation.
Les relations entre les jeunes pousses et les grosses entreprises se confirment au fil du temps. Interprenariat, partenariat, hackathon, incubateur : les points de contact ne manquent pas et permettent aux grandes entreprises d’affronter la transformation digitale mieux armées. Les longs process, le fonctionnement en silo et la hiérarchisation semblent s’effacer au profit de l’agilité, la transversalité et l’innovation.