Docaufutur : comment expliquez-vous la survalorisation des valeurs digitales ?
DS. : beaucoup d’entreprises, notamment les acteurs du digital, ont engrangé du cash important mais ne savent plus innover. Et ils sont prêts à surenchérir pour garder leur avance. De même, la montée en puissance du discours ambiant sur le digital ainsi que la généralisation des réalisations en la matière peuvent contribuer à créer une bulle à l’instar de celle observée à la fin des années 90 autour d’Internet. Beaucoup de ces ingrédients sont présents sur le marché. A surveiller donc de près.
Le marché profite-t-il réellement du digital ?
DS. : il y a quelque temps encore, on parlait de Web 2.0. De plus en plus, ce concept cède la place à celui de « digitalisation », qui a le mérite d’être plus concret. Nous sommes tous des utilisateurs de services digitaux, des services qui transforment notre quotidien parsemé d’exemples parlants.
Dans l’assurance comme dans la banque, les changements induits par le digital sont visibles. L’assurance aborde désormais une nouvelle approche de production de ses services. Si ses métiers ne changent pas fondamentalement – protéger, financer, accompagner et rendre possible – ses modes opératoires sont obligés d’évoluer. En fait, avec le digital, nous assistons clairement à une transformation à trois niveaux. Notre rapport à l’affinitaire et au partage s’accentue. Nous partageons de plus en plus nos données personnelles à travers les réseaux sociaux. Mais le digital pousse également à la désintermédiation, ce qui imposera la transparence. Du coup, on ne pourra plus cacher ses carences. A l’instar d’autres secteurs d’activité, l’assurance devra, à tout le moins, s’aligner sur les meilleurs standards de la relation client. La tyrannie de la transparence, diront donc certains ! Enfin, le besoin de posséder ira décroissant car les outils (objets connectés, cloud, etc.) rendent possible l’usage quand on le veut, où on le veut. On le voit, la digitalisation de la société change notre rapport à la vie. Du coup, elle devient une véritable source de nouvelles opportunités.
A votre avis, qui en profite ?
DS. : Si bulle il y a, le jackpot sera pour ceux qui auront créé et revendu avant l’éclatement. Mais il me semble que les entreprises qui auront su intégrer le digital dans leur proposition de valeur vont y capitaliser au maximum. Il est aujourd’hui difficile de savoir où en sont les uns et les autres, du fait du buzz véhiculé volontairement autour de ce phénomène. Un seul exemple, celui d’un leader de l’assurance, qui vient d’annoncer un budget de 180 Millions d’euros d’investissements dédiés au digital … sur trois ans, dont 50% à l’évolution des systèmes. Sans réduire le mérite de cet assureur qui donne le rythme de la digitalisation du secteur, combien réellement consacré exclusivement au numérique ? Rapporté à 20 Md€ de primes annuelles, Steve Jobs aurait certainement dit It’s not a revolution! En revanche, quelle belle communication, qui profite avant tout à la marque employeur du groupe.
En définitive, la digitalisation est incontournable pour les entreprises car elle transforme notre quotidien. Son intégration dans les produits et les processus des entreprises est nécessaire et ouvre la porte à de nouveaux marchés qui profitent aux offreurs de solutions innovantes. Certains surfent sur ce nouveau paradigme pour engranger un maximum de bénéfices. L’accélération continue que nous constatons chez Micropole depuis septembre 2014 m’amène à affirmer que le décollage est lancé.
Propos recueillis par Emmanuel Mayega pour DOCaufutur, l’avenir du document