Imaginons un instant le monde en 2050. Les films de science fiction d’aujourd’hui seront devenus réalité. La robotique et les objets connectés seront monnaie courante. A côté de ces intelligences artificielles, de quels talents et compétences l’être humain devra t-il faire preuve ?
Pour Salah Benzakour, dirigeant de Puissance E, l’Intelligence artificielle est une vraie révolution; comme ont pu l’être l’agriculture et la machine à vapeur.
« Sauf que cette fois, elle s’opère très rapidement, en quelques dizaines d’années ».
Pour cet expert de la transformation digitale, ces nouvelles technologies sont émergentes, convergentes et exponentielles.
« L’humain a cependant une caractéristique que les machines n’ont pas et n’auront peut-être jamais; l’égo! Ce que l’on peut considérer comme étant une faiblesse peut se révéler être une force. L’Intelligence Artificielle va toujours nous dire ce qui est bien pour nous et pour les autres, mais notre conscience et notre égo feront de nous le grain de sable de la machine ».
Autrement dit, Salah Benzakour pense que les technologies nous révéleront à nous-même. En s’occupant des tâches répétitives et basiques, elles nous offriront le temps d’être dans la création, l’émotion, l’artistique et l’aide à la personne. La machine pourrait finalement rendre l’humain plus … humain.
Le Forum économique mondial (WEF) estime qu’avec l’automatisation, on assistera à la création nette de 60 millions de nouveaux emplois d’ici à 2022. Selon le Chief Strategy Officer, Chris Huff, Kofax Intelligent Automation marque une nouvelle étape dans la 4e révolution industrielle ; celle où une main-d’œuvre numérique complètement automatisée prend en charge les tâches à faible valeur ajoutée. Les employés peuvent ainsi affecter plus de temps à des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme la gestion des relations clients, la résolution des problèmes ou encore la gestion du personnel.
« Kofax vise à développer la collaboration homme-machine avec l’automatisation intelligente en offrant aux salariés la possibilité de passer d’un rôle de collecteurs de données au profit de celui d’utilisateurs. Ils bénéficieront, en outre, d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour se consacrer aux choses qui leurs sont les plus chères : la famille, les amis et leurs passions », ajouta-t-il.
Pour son collègue Alexis Vernières, Vice-Président Europe Sud de Kofax, tout est une question de collaboration entre robots et humains. Il prend l’exemple d’une entreprise de location de voitures en Espagne qui, grâce aux robots, peut varier ses prix en temps réel en fonction d’une multitude de critères. Les employés ont travaillé pour préfigurer la machine et les données que celle-ci doit analyser. Ce sont les salariés qui prennent la décision finale et planifient leur business.
« Les bots trainers, bot developpers, les dataanalysts et datascientists sont et seront de plus en plus recherchés ».
Une part de substitution brutale jumelée à un enrichissement des métiers
Francis Jutand, directeur général adjoint de l’Institut Mines Télécom, nous apprend un nouveau mot: la coévolution, qui inclut la cobotique. Elle définit la coopération entre hommes et machines et la progression conjointe de l’homme et de la machine et des agents intelligents dans cette coopération. L’être humain est dans la boucle pour maîtriser et régler les éventuels problèmes ; une chaîne de production sur-automatisée aura toujours besoin de présence humaine pour vérifier que tout se passe bien et aussi concevoir les nouvelles générations.
« L’un des rôles de l’homme sera de réfléchir aux types de connaissances que l’on doit transférer aux machines et agents intelligents. Dans les métiers du futur, l’humain aura donc besoin d’associer des connaissances métiers et des connaissances numériques » explique le Directeur général adjoint.
Il ajoute que même que si des métiers à faible qualification vont disparaître, d’autres se verront enrichis par le numérique et l’IA. Et par ailleurs d’autres emplois vont être créés pour concevoir et développer les machines, les outils, les algorithmes et les agents intelligents dans les domaine l’information et la communication, le traitement des données, la création de contenus, le support, la recherche et la formation.
Les prises de décisions seront effectuées soit par l’homme soit par la machine ; tout dépendra du contexte
Même son de cloche chez Juliette Rizkallah, Chief Marketing Officer chez SailPoint.
« Quand vous intégrez un agent intelligent à une profession, celui-ci va entraîner de nouvelles tâches dont va pouvoir s’occuper l’humain ».
Pour elle, les tâches répétitives et les analyses de données seront effectuées par les robots alors que les tâches plus intellectuelles seront confiées aux hommes. Concernant les prises de décision, elles dépendront du contexte.
« En effet, pour décaler un rendez-vous sur un agenda de 10h à 11h, nul besoin du regard de l’homme. Par contre, poursuivre l’investigation d’un log de sécurité tendancieux demandera l’aide humaine » évoque t-elle.
Par ailleurs, Juliette Rizkallah a noté un manque de professionnels dans les domaines du numérique, de l’analyse de données et de la cybersécurité. L’enseignement est donc un enjeu important pour que la révolution de l’IA se poursuive dans de bonnes conditions.
Au-delà de former à un métier, permettre d’acquérir des compétences
Pour former les professionnels de demain, des initiatives naissent en France. Nous avons rencontré Samia Ghozlane, directrice de la grande école du numérique, qui se veut être un accélérateur de talents numériques.
« Nous œuvrons, avec notre réseau de 400 formations labellisées, à former et à accompagner vers les emplois du numérique les jeunes éloignés de l’emploi, les femmes et les personnes issues des quartiers prioritaires de la ville ».
Le numérique devient ainsi une vraie opportunité pour démarrer ou redémarrer une carrière professionnelle. Le type d’apprentissage enseigné dans les écoles labellisées ‘grande école du numérique’ est totalement différent de celui que l’on trouve dans des formations plus « classiques ». Ici, ce sont des pédagogies actives, mentoring, cas pratiques et cas d’entreprise ainsi que des évaluations par projet qui sont au programme.
« La plupart des métiers de demain n’existant pas encore, nous formons plutôt les étudiants à des compétences : agilité, créativité, transmission, autonomie et prise de risque ».