Très attendu et prôné par la presse il y a quelques années, le coffre-fort numérique n’a pourtant pas réussi à entrer dans les mœurs. DOCaufutur vous explique les raisons d’un succès relatif mais aussi du regain d’intérêt qu’il suscite aujourd’hui.
Les experts que nous avons interviewés sont tous d’accord pour dire que le coffre-fort numérique présentait des problèmes d’ergonomie, et en particulier une prise en main délicate. Sa seule fonction était l’archivage ; la fonction d’usage était absente. Pour Guillaume Vallini, responsable du développement commercial chez Edoc Group, « les coffres-forts électroniques ont été conçus par des techniciens et des juristes qui n’ont pas forcément pensé au côté fonctionnel de cet outil. Sans environnement utilisateur ergonomique et riche en valeur ajoutée, l’intérêt est relatif ». Jean Michel Nomdedeu, directeur marketing de la Direction numérique du groupe La Poste, confirme : « nous avions le produit Digiposte qui permettait d’archiver tous les documents importants de nos clients. Mais nous avons vite compris que le service était limité ».
L’outil coffre-fort doit être accompagné d’autres services
Le coffre-fort numérique n’est finalement que la brique d’un système. Pour rendre le service Digiposte plus utile au consommateur, La Poste a lancé DigipostePass il y a quelques mois. « Cette application mobile permet de récupérer, centraliser, classer et indexer tous ses documents depuis son mobile et de pouvoir y accéder où que l’on soit (chez son banquier ou chez son futur propriétaire dans le cadre d’une recherche d’appartement) » explique Jean Michel Nomdedeu.
Bruno Forni de Securibox évoque les 3 A pour le coffre numérique : Archivage, Agrégation et Analyse. « S’il ne possède que l’archivage, cela ne fonctionnera pas. L’utilisateur doit pouvoir automatiquement récupérer ses documents dispersés sur Internet pour les mettre dans son coffre, c’est ce qu’on appelle la fonction collecte ». Pour le fondateur de sécuribox, une tendance se dégage : la fusion entre le monde du coffre et le monde du PFM (Personal Finance Management) : « l’analyse des données extraites des documents collectés dans notre coffre pourra nous prévenir de l’augmentation de notre consommation sur tel produit ou tel service par exemple ».
« Le coffre-fort n’est plus un espace d’archivage, il devient à l’instar de notre produit edocperso, le socle du domicile numérique. » précise Guillaume Vallini. Cela nécessite de repenser les systèmes d’information ainsi que les processus d’échange des documents que ce soit en interne ou en externe. « C’est un effort important car l’organisation de l’entreprise est à revoir. Ce sont les secteurs des télécoms et le secteur public qui ont été les premiers sensibilisés à ces sujets. Maintenant, sont suivis par d’autres domaines comme les transports, l’industrie et les services » ajoute-t-il.
Pour Jean Michel Nomdedeu, les entreprises sont en train de prendre conscience des enjeux sécuritaires de l’archivage de données, qui ont d’ailleurs été alimentés par l’actualité (ex : les comptes utilisateurs d’Orange et d’Adobe qui se sont fait pirater en 2013 et 2014.). Les coffres-forts doivent être conformes aux normes Afnor en vigueur.
Les entreprises étant en pleine période de transformation numérique, leur intérêt pour les coffres-forts et leurs applications s’en trouve accru. « La dématérialisation est essentielle, que ce soit dans les relations avec les salariés, les prospects, les clients,… » précise le directeur marketing.
Le coffre-fort numérique est donc un outil qui a besoin d’être accompagné de services annexes pour trouver grâce aux yeux des consommateurs. Interface utilisateur, application mobile, analyse des données… : l’avenir du coffre- fort semble tourné vers l’usage et l’analyse.