Il est impressionnant de constater à quel point le secteur médical est en retard quant à sa communication digitale à destination des patients et des médecins. Aujourd’hui, moins de 5% des communications sont envoyées de manière numérique. Pascal Lenoir, président de Kalpa Conseils décrypte avec nous les quatre grandes tendances qui font évoluer la situation de la dématérialisation dans le milieu hospitalier.
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Les évolutions réglementaires
Les évolutions réglementaires sont communes à tous les secteurs. Aujourd’hui, une communication numérique peut avoir la même valeur qu’une communication papier si elle est traçable et sécurisée. Plus spécifiquement au secteur médical, on arrive désormais à identifier les médecins grâce à un système fiable élaboré par l’ordre des médecins. Cette avancée sera aussi vraie pour les patients grâce à l’arrivée du DMP dans lequel tous les documents de santé pourront être conservés. La réglementation évolue à vitesse grand V ces dernières années dans cette optique.
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Les évolutions des usages
La société est en pleine mutation et le secteur de la santé n’est pas épargné. Doctolib a fait un carton dans le domaine du privé pour prendre ses rendez-vous en ligne. Pourquoi ne pas répandre ce type d’outils ? C’est par exemple la création de messageries sécurisées pour les interprofessionnels de santé. Apicrypt et MSSanté sont deux systèmes classiques de messageries qui permettent d’éviter le captage des informations personnelles par des personnes malveillantes. Nous voyons alors qu’il existe des ‘tuyaux’ et des personnes prêtes à s’équiper. De la même manière, de plus en plus d’hôpitaux développent des solutions de « check-in ». En amont de votre visite à l’hôpital vous pouvez vous inscrire en ligne pour ne pas perdre de temps une fois sur place.
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Les besoins de rationalisation
Inutile de mentionner la perte de sécurité sociale et le manque à gagner pour les hôpitaux ! Il y a un véritable problème dans le mode de fonctionnement d’envoi des courriers. On ne peut pas se permettre de mobiliser trois personnes pour mettre sous enveloppe le courrier avant de le trier par code postal à la main ! Il est nécessaire d’installer des programmes informatiques pour traiter en amont les documents. Il faut mettre en place des outils pour automatiser le traitement des flux.
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L’arrivée de nouvelles technologies
Avec l’arrivée du dossier patient informatisé, on conserve le document numériquement, alors pourquoi l’imprimer plutôt que de l’envoyer numériquement ? Par ailleurs, les nouvelles technologies dépassent largement les problématiques de communication. Elles amènent à la télé médecine. Aller vers les personnes qui sont en province ou dans des contrées reculées pour faire leurs radios ou leurs analyses chez eux. Derrière, il y aurait un centre de spécialistes pour analyser les données transmises de manière informatisée. Si les technologies du monde médical évoluent il est indispensable que la communication médicale évolue elle aussi.
La particularité de la donnée de santé
Dans les autres secteurs, l’information présente sur un document peut se retrouver ailleurs dans le système : par exemple sur une facture de téléphone, toutes les informations peuvent se retrouver ailleurs dans le SI du Télécom. Au contraire, à l’hôpital, les informations contenues dans le compte rendu de consultation ne se trouvent nulle part ailleurs. L’importance de capturer cette information pour la rendre intelligible est d’autant plus grande. En plus de faire des économies et de rationaliser les pratiques, le secteur médical gagnerait en capacité d’analyse. Si aujourd’hui une enquête médicale est réalisée sur 30 patients, demain grâce aux nouveaux outils, les médecins pourront classer, lire et croiser les diagnostiques, les pathologies, les traitements… sur trois mille patients ! C’est l’application de l’analyse du big data au milieu médical.