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La finance est-elle l’ennemi de l’innovation ? une discussion avec Pierre Petetin, directeur financier de Vidal

 

Dans quelles conditions le directeur financier est-il prêt à soutenir l’innovation ? Pourquoi le directeur financier est-il tantôt prêt à investir dans l’innovation tantôt parfois plus réservé ? Voici quelques-unes des questions que Pierre et moi avons évoquées au cours d’une récente discussion.

I/ Le soutien du directeur financier à l’innovation est fonction de la stratégie des actionnaires

Au cours de ma discussion avec Pierre, j’ai compris que la finance a des attentes différentes vis-à-vis de l’innovation selon les circonstances. Nous avons en particulier imaginé de scénarios différents.

Dans un premier scénario, l’entreprise bénéficie d’actionnaires qui travaillent pour des fonds de pension. Les fonds de pension doivent payer tous les trimestres des pensions à leurs pensionnaires. Pour cela, les fonds de pension privilégient les entreprises qui payent des dividendes de façon régulière, à l’image de Pfizer qui communique régulièrement sur la régularité de ces paiements de dividendes. Ceci rassure et séduit la communauté des fonds de pension : les fonds de pension décident de confier leurs fonds aux entreprises qui versent des dividendes. Ils utilisent ensuite ces dividendes pour régler leurs pensions aux pensionnaires ; dans ce cadre-là, le directeur financier privilégie les activités de l’entreprise qui parviennent à générer une rentabilité en croissance continue. Le directeur financier peut donc tout à fait soutenir l’innovation si celle-ci est de nature à assurer une croissance pérenne de l’entreprise.

II/ Le directeur financier soutient l’innovation lorsqu’il a pour mission d’assurer une croissance stable et pérenne

Dans ce cadre-là, le directeur financier peut être enclin à investir dans de nouveaux marchés pour valoriser l’actif technologique de l’entreprise au sein d’une nouvelle géographie ou bien concevoir de nouvelles technologies qui permettraient d’améliorer le produit de l’entreprise. Cet investissement suppose, à court terme, une perte financière, mais la perspective du gain financier à moyen ou long terme, avec un retour sur investissement positif, est de nature à rassurer le directeur financier sur la pertinence de cet investissement. Dans ces conditions, le directeur de financier soutient le projet du directeur de l’innovation.

III/ Le directeur financier soutient l’innovation différemment lorsqu’il a pour mission de valoriser l’entreprise auprès de nouveaux acquéreurs

Pfizer communique régulièrement sur le reversement de dividendes

Mais, Pierre m’a indiqué que d’autres scénarios sont également envisageables. L’entreprise, détenue par un fonds de pension, prépare son investissement. Dans un cas particulier, on peut imaginer un cas particulier où le fonds d’investissement ayant acquis l’entreprise depuis quelques années serait désormais à la recherche d’un acquéreur pour réaliser une plus-value. Dans ce cas-là, le soutien du directeur financier aux projets d’innovation est de nature différente. En effet, son souci premier est de minimiser les dépenses et de maximiser l’EBITDA. Le directeur financier est donc beaucoup moins enclin à investir dans des projets d’innovation affichant une profitabilité à moyen long terme. Néanmoins, le directeur financier peut être enclin à soutenir l’innovation, uniquement parce qu’ils permettraient de maximiser la valorisation financière de l’entreprise.

Pierre m’a indiqué que la valorisation financière de l’entreprise est l’EBIDA fois un multiple (EBITDA X multiple).

  • Dans certains secteurs, notamment des secteurs économiques traditionnels, ce multiple est de quatre
  • Dans les secteurs liés aux technologies numériques, ce multiple est beaucoup plus élevé puisqu’il peut atteindre le chiffre de 15

Par conséquent, si le directeur financier considère qu’une nouvelle activité d’innovation pourrait être de nature à augmenter le multiple de valorisation de l’entreprise, alors, il sera plus enclin à soutenir financièrement l’innovation. Autrement dit, ce que valorise le directeur financier, dans ce second scénario, ce n’est pas tant la valeur commerciale à court terme de l’innovation ni le bénéfice opérationnel à court terme, mais c’est le bénéfice d’image. Une entreprise qui investit dans un projet d’innovation particulier peut-elle en tirer un bénéfice d’image qui se traduirait par une valorisation supérieure ? Voici la question qui taraude l’esprit du directeur financier lorsqu’il envisage de soutenir l’innovation.

En résumé :

  • spontanément, les innovateurs ont tendance à croire que la direction financière serait réservée à l’idée de soutenir l’innovation
  • pourtant, les entreprises innovantes bénéficient d’un « premium d’innovation » ce qui se traduit par leur valorisation boursière
  • par ailleurs, lorsque le directeur financier doit assurer une croissance stable auprès de ses actionnaires, celui-ci est tout à fait sensible à l’innovation lorsqu’elle affiche un ROI (« Return On Investment ») positif à moyen terme
  • enfin, lorsque le directeur d’innovation travaille pour un fonds d’investissement cherchant à revendre l’entreprise, le directeur financier soutient en priorité les projets d’innovation qui permettraient de valoriser davantage l’entreprise à l’achat

Lectures complémentaires

  • Pour retrouver la première partie de ma discussion avec Pierre Petetin, cliquer ici.
  • Pour une discussion sur les intérêts moteurs de l’innovation, même au sein des grandes entreprises, lire ce billet de blog.
  • Pour rester au courant des dernières actualités autour du financement de l’innovation, suivre ce site.
Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.