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Bank-as-a-Platform : comment les banques doivent s’ouvrir à leur écosystème pour se moderniser – Par Bertrand Masson, Moskitos

En pleine transformation structurelle, réglementaire et technologique, le secteur bancaire se modernise à marche forcée. Les banques gagnantes de demain seront celles qui agissent aujourd’hui pour relever le défi de l’ouverture à leur écosystème, en s’appuyant sur les nouvelles technologies cloud de la connexion et de l’intégration de données.
Le modèle de revenu des banques souffre depuis plusieurs années avec la redistribution massive du marché des prestations et services qui jusqu’alors leur était réservé. Avec en toile de fond la nécessité de regagner la confiance des consommateurs depuis la crise de 2008, l’industrie bancaire doit également lutter contre son image vieillissante, peu encline à s’adapter aux nouvelles contraintes sociétales.
La transformation est dès lors inévitable, notamment avec les nouvelles régulations. La directive DSP2 (Open Banking) fait ainsi voler en éclat les frontières structurelles du marché, en autorisant le transfert de la valeur apportée historiquement par les banques vers de nouveaux prestataires de paiement ayant accès aux données des banques.
La concurrence va donc s’intensifier avec les néo-banques en ligne et les FinTech, qui proposent une expérience utilisateur innovante et adaptée aux comportements actuels. Les banques et ces start-up ont pourtant tout à gagner à s’allier. 75% des start-up affirment ainsi que cette collaboration est leur principal objectif, tandis que les banques ne peuvent plus se contenter de fournir une simple application mobile. Il faut réinventer le modèle.

Se concentrer sur l’expérience utilisateur et le parcours client 

Imaginons une voiture qui entre dans une station-essence aux services connectés et personnalisés. La reconnaissance visuelle identifie automatiquement le véhicule et son propriétaire et les relient à un compte utilisateur avec ses préférences et ses données de comportement. Un ensemble de procédures (paiement, emails de facture et de promotion, etc.) s’activent alors de manière automatisée.
S’il fait encore figure de science-fiction, ce scénario autour des voitures connectées illustre l’une des motivations premières de la transformation des banques : réinventer leur relation avec les clients. Elles sont souvent perçues comme accumulant du retard sur ce terrain, en ayant subi la mutation des usages imposés par le numérique et les GAFAM, ces géants du web qui ont fortement ancré des pratiques digitales dans le quotidien des consommateurs.
Personnalisation, contextualisation, expérience utilisateurs de bout en bout, le numérique impose aux banques de revoir leur positionnement dans cette chaîne de valeur. D’après une étude Deloitte, 5 Français sur 10 sont aujourd’hui prêts à passer à une banque en ligne (sans agence donc), tandis que 69% réalisent leurs opérations bancaires sur Internet et 29% sur l’application mobile de leur banque.
Les clients recherchent également des pratiques spécifiques, avec la conjugaison de services digitaux qui n’avaient jamais été associés jusqu’alors. Les banques qui auront la capacité de cibler finement un comportement, de proposer un emprunt, d’apporter des conseils fiscaux, d’identifier l’immobilier comme moyen rémunérateur, puis d’accompagner le client à trouver un locataire, gagneront un avantage certain : proposer une expérience intégrée de bout en bout.
Cette dynamique ne peut être créée qu’à une seule condition : s’entourer d’un écosystème de partenaires et ouvrir ses systèmes informatiques. Être capable d’établir ces précieuses connexions, vers ou depuis le monde intra ou extra-bancaire, Fintech et start-up comprises, est un prérequis.

L’Open Banking : l’indispensable ouverture vers l’écosystème

L’Open Banking représente l’un des plus gros chantiers historiques de transformation pour l’industrie bancaire. Une véritable révolution qui vise à réinventer la place des banques en passant d’un modèle ultra-cloisonné à une ouverture économique, structurelle et donc technologique. Pour les trois quarts des banques européennes, il s’agit d’un axe prioritaire de leur stratégie, d’après une étude d’Accenture.
L’Open Banking permet aux banques d’interagir et de co-créer efficacement et en toute sécurité avec un écosystème de fournisseurs de services via des API, et donc de générer de la valeur pour leurs clients, renforcer leur position concurrentielle et mettre en place de nouveaux leviers potentiels de croissance de revenus.
En ouvrant leur coeur technologique où s’entremêlent de multiples technologies et langages, les banques se donnent les moyens de se transformer en misant sur la standardisation via les API, ces interfaces de programmation qui assurent l’échange de données ou de flux applicatifs d’un système à l’autre.
Les API et le concept global de l’Open Banking ont pour effet direct de désiloter les systèmes et de découpler front office et back office. Une voie royale pour relier les technologies de pointe au système historique et pour développer des applications en ligne avec les attentes des clients.
La directive DSP 2 impose l’ouverture des systèmes bancaires, mais certaines banques ont décidé d’aller plus loin, avec pour ambition d’étendre la portée de leurs API et renforcer leur champ fonctionnel vers des interfaces plus denses. De mécanismes favorisant la transparence, les API sont devenues la pierre angulaire de l’Open Banking et le premier vecteur de transformation. Elles représentent les circuits indispensables à la création de nouveaux partenariats.

La plateforme d’intégration (iPaaS) : un moteur pour la Bank-as-a-Platform

Avec l’avènement de l’IT moderne, du cloud et de son modèle as-a-service, ainsi que sa complexité grandissante, l’intégration de services et d’applications constitue une fondation pour tous les secteurs industriels. Comment en effet imaginer associer un service de paiement à une voiture connectée sans avoir relié et sécurisé les relations entre ces éléments ?
Si accélérer la création de valeur en se reposant sur des services digitaux est une priorité, interconnecter ces services dans un environnement hybride (cloud et sur site) ne doit donc plus être complexe. Dans ce contexte, l’iPaaS (Integrated Platform-as-a-Service), ou plateforme d’intégration dans le cloud, représente le carrefour technique et opérationnel, et même le moteur principal de ce modèle de Bank-as-a-Platform.
Le cabinet d’étude Gartner considère d’ailleurs le segment de l’iPaaS comme l’un des secteurs à plus forte croissance dans l’industrie du logiciel d’infrastructure. De 60% en 2016, le taux de croissance de l’iPaaS a atteint 72% en 2017. L’heure est donc à l’industrialisation des intermédiations et l’iPaaS a pour fonction première de les fluidifier.
Depuis des décennies, les banques ont bâti une architecture inter-applicative en silos, avec une méthode d’intégration où les passerelles ne sont créées qu’à façon et point-à-point, ce qui relie certes les systèmes, mais se révèle peu flexible, peu évolutif et encore moins agile. A chaque nouveau partenariat, la DSI devant en effet recomposer ses flux d’intégration pour répondre à la demande des métiers.
A contrario, en fédérant techniquement un écosystème et en connectant à la volée les API, le modèle Bank-as-a-Platform permet aux banques de composer simplement et rapidement de nouvelles offres avec leur écosystème, sans avoir à re-développer chaque pont entre les API de ses partenaires. Les banques entrent ainsi dans l’ère de l’agilité, avec une procédure ré-utilisable et pérenne.
Cette reproductibilité inhérente de l’iPaaS transforme des services clés, comme le paiement, en une commodité. Il est alors plus simple de l’associer à d’autres services au sein de la plateforme, pour donner naissance à des packages commerciaux, qui rassemblent offres bancaires et services associés.

La Bank-as-a-Platform est l’avenir de la banque

Les banques doivent donc s’interroger sur leur modèle : souhaitent-elles opter pour une démarche unilatérale en matière d’innovation, ou préfèrent-elles capitaliser sur la force d’un écosystème grandissant et pluriel ?
Certains établissements bancaires ont fait leur choix. La banque espagnole BBVA a par exemple décidé de monétiser sa stratégie d’Open Banking en commercialisant des API via son BBVA API Market. Le Crédit du Nord mise, quant à lui, sur une démarche d’ouverture en s’associant à la société Ellisphere autour d’une offre intégrée PassBtoB, permettant aux clients professionnels de la banque d’accéder aux informations financières et économiques de leurs partenaires.
Si les API forment le socle fondamental de l’ouverture des SI bancaires, la plateforme d’intégration iPaaS constitue le cerveau opérationnel qui donnera vie à ces interfaces dans la création de nouveaux services à valeur. Ne serait-ce pas le chemin le plus court vers les clients ?

Par Bertrand Masson, Co-Fondateur et CEO de Moskitos 

Morgane
Morgane Palomo

Diplômée d'un master un brand management marketing, sa curiosité et sa soif de savoir ne sont étanchées. De nature créative, elle a su diversifier ses expériences. De la création graphique, à l'événementiel en passant par la communication interne et le marketing digital, elle s’est construit un savoir pluriel et avant tout polyvalent.

Written by Morgane Palomo

Diplômée d'un master un brand management marketing, sa curiosité et sa soif de savoir ne sont étanchées. De nature créative, elle a su diversifier ses expériences. De la création graphique, à l'événementiel en passant par la communication interne et le marketing digital, elle s’est construit un savoir pluriel et avant tout polyvalent.