Depuis plus de 20 ans, les troubles musculo-squelettiques constituent la première maladie professionnelle reconnue en France et représentent un coût financier important pour les entreprises. Il existe pourtant des solutions de prévention et du matériel adapté pour les éviter.
Tendinopathie, syndrome du canal carpien au poignet, épicondylite au coude, hygroma du genou sont quelques exemples de troubles musculo-squelettiques, qui peuvent dans certains cas devenir irréversibles et entraîner un handicap durable. Tous les secteurs sont concernés. L’agroalimentaire, la métallurgie, la construction automobile et le BTP concentrent la majorité des cas, mais le risque est également présent dans les activités comme la bureautique ou les services à la personne.
Selon l’INRS (santé et sécurité au travail), les conséquences des TMS pour les entreprises sont loin d’être négligeables. Le coût moyen (soins + indemnisations) d’un TMS est supérieur à 21 000 euros. En 2012, les TMS indemnisés ont entraîné la perte d’environ 10 millions de journées de travail et 1 milliard d’euros de frais couverts par les cotisations d’entreprise.
Les entreprises et les administrations ne semblent pas forcément avoir conscience des conséquences financières des TMS sur le long terme.
A la Mairie de Chassieu (près de Lyon), les agents souffrant de TMS ont la possibilité d’avoir du matériel adapté que ce soit des sièges ergonomiques, des souris ‘‘verticales’’, des repose-poignets, des bras d’écran ou des chaussures adaptées qui remplacent les chaussures de sécurité. Denis Delphino est l’agent de prévention hygiène et sécurité de cette mairie. « C’est difficile parfois de faire accepter aux directions d’entreprises ou d’administration qu’il ne faut pas juste voir le prix élevé des chaises ergonomiques mais aussi et surtout l’intérêt de voir ses salariés se sentir mieux dans l’entreprise et ne plus prendre d’arrêts maladie ». L’agent de sécurité remarque que pour les métiers de bureau, les salariés ne sont pas toujours volontaires pour participer à des formations préventives sur le sujet et n’osent pas forcément admettre qu’ils souffrent.
Avis partagé par Robert Emeriat de Demaprev : « les salariés de bureau ont l’impression d’être sur des postes ‘‘doux’’ et n’osent pas en parler. Dans les pays scandinaves et d’Amérique du nord, c’est beaucoup plus ancré dans les mœurs ». Petros Kyriakides, manager opérationnel chez Zenlap, explique cette différence entre pays : « Le développement des nouvelles technologies dans les entreprises a eu lieu une décennie plus tôt que chez nous. Ils ont donc plus de recul sur ce problème ».
S’adapter à chaque salarié pour personnaliser l’aide
L’Etat commence petit à petit à promouvoir des matériels adaptés pour leur propre service. « A Zenlap, nous avons aussi quelques demandes de la part des services gouvernementaux et collectivités territoriales, qui souhaitent donner l’exemple » précise Petros Kyriakides. Les entreprises privées proposent des formations de prévention, dont la PRAP (préventions liés à l’activité physique) qui est la plus appropriée pour les TMS. Pour Robert Emeriat, les entreprises doivent comprendre que la prise en compte des TMS va permettre de fidéliser les salariés en leur apportant une reconnaissance et de fait va augmenter leur productivité. « Les ergonomes adaptent réellement le poste de travail pour chaque salarié en fonction de ses problèmes de santé ».
En parallèle du matériel adéquat, il conseille aux salariés d’avoir une bonne hygiène de vie, de s’étirer, de boire beaucoup d’eau et de faire de vraies pauses. Poser son imprimante loin de son bureau favorise l’activité physique par exemple.