La valeur annuelle des contrats de services gérés, tombe à 2 milliards d’euros, une baisse de plus de 900 millions d’euros par rapport au trimestre précédent
La France, affiche une croissance saine à ce stade de l’année par rapport à la même période de l’année précédente, avec une valeur annuelle des contrats en hausse de 29,3%, de 540 millions d’euros à 698 millions d’euros.
Les craintes d’une récession et les incertitudes liées au Brexit et aux guerres commerciales et tarifaires ont un effet de ralentissement des dépenses dans la zone EMEA, alors même que les dépenses mondiales d’externalisation ont progressé de 13% en glissement annuel au T3
Les entreprises sont divisées entre investir dans la croissance ou réduire les coûts ; la majorité des investissements concernent le numérique et le cloud
La valeur annuelle des contrats de services externalisés en Europe accuse une baisse séquentielle de plus de 900 millions d’euros au troisième trimestre 2019 selon le dernier rapport d’Information Services Group (ISG), société de recherche et de conseil spécialiste des nouvelles technologies. Ce chiffre apparait dans un contexte de crainte de récession qui freine les dépenses engagées pour des produits et services technologiques.
L’EMEA ISG Index™, qui prend en compte pour ses statistiques les contrats d’externalisation commerciale d’une valeur annuelle d’au moins 4,5 millions d’euros, montre que la valeur annuelle des contrats de services dans la région au troisième trimestre est en recul de 31%, soit une valeur de 910 millions d’euros, par rapport au trimestre précédent, à 2 milliards d’euros. Par rapport au troisième trimestre 2018, la valeur annuelle des contrats de services gérés est en baisse de 17%.
Sur la même période, la demande de solutions cloud as-a-service augmente de 10% en glissement annuel, pour atteindre le chiffre record de 1,6 milliard d’euros, mais sans être suffisante pour compenser le ralentissement des dépenses dans les services gérés. Globalement, le marché combiné dans la zone EMEA est en recul de 7% à 3,7 milliards d’euros.
L’ISG Index souligne qu’alors que les dépenses mondiales dans les services technologiques et business sont en progression (la valeur annuelle des contrats du marché combiné augmente de 13% au troisième trimestre sous l’effet de la demande record de solutions as-a-service, et particulièrement Infrastructure-as-a-Service), les inquiétudes en Europe au sujet d’une récession, du Brexit et des guerres commerciales font que les entreprises se montrent très prudentes dans leurs dépenses. La valeur annuelle des contrats dans chacun des trois plus grands marchés de la région, Royaume-Uni, DACH et France, affiche en effet une diminution à deux chiffres au troisième trimestre par rapport à l’année précédente. Le nombre des passations de contrats dans la région EMEA au cours du trimestre est en recul de 11% et atteint son plus bas niveau en plus de deux ans.
Les entreprises continuent toutefois d’investir dans les services cloud et les projets de transformation numérique, surtout dans le secteur du commerce de détail, où 62% des dépenses globales concernent des solutions as-a-service. Pour le sixième trimestre consécutif, la valeur annuelle des contrats as-a-service dans la zone EMEA a dépassé la barre des 1,3 milliard d’euros. A ce stade de l’année, les contrats as-a-service représentent 39% de la valeur annuelle des contrats du marché combiné, contre 20% seulement il y a trois ans. Mais avec une croissance de 10% ce trimestre, la zone EMEA se fait largement distancer par les régions Amériques et Asie Pacifique, où le as-a-service a augmenté de 26% et 14% respectivement, ce trimestre.
Performance du marché
A ce stade de l’année, la valeur annuelle des contrats de services gérés au Royaume-Uni et en Irlande a baissé de 4%, de 2,2 milliards d’euros à 2,1 milliards d’euros, une très légère baisse qui laisse penser que les entreprises préfèrent ignorer les incertitudes liées au Brexit. Toutefois, avec l’approche de l’échéance du Brexit, la valeur annuelle des contrats au troisième trimestre recule de 11% par rapport à l’année précédente et de 27% par rapport au second trimestre de cette année. L’impact le plus fort sur le marché britannique de l’externalisation vient des incertitudes liées au Brexit et à la performance de la livre sterling, qui peuvent amener les entreprises britanniques à attendre une stabilisation du marché avant d’opter pour une orientation stratégique.
La région DACH est la plus frappée, avec une valeur annuelle des contrats en recul de 24,5%, de 2,5 milliards d’euros à 1,9 milliard d’euros à ce stade de l’année par rapport à la même période l’année précédente. La valeur annuelle des contrats au troisième trimestre recule de 36% par rapport à l’année précédente, mais progresse de 31% en glissement trimestriel. La région doit ce manque de croissance au secteur de la fabrication industrielle, fortement touché par des sanctions financières et des actions en justice du fait du scandale des émissions de VW et par les guerres commerciales impactant les exportations allemandes et donc le PIB.
Toutefois, l’ISG Index fait remarquer qu’un vrai potentiel existe sur le marché DACH avec l’adoption du cloud par les multinationales allemandes (l’Allemagne est effectivement en retard par rapport aux autres marchés en raison des questions de sécurité et de confidentialité) qui commencent seulement à investir massivement dans les solutions as-a-service.
La France, même si elle accuse un recul de 23% au troisième trimestre par rapport au même trimestre de l’année précédente, affiche une croissance saine à ce stade de l’année par rapport à la même période de l’année précédente, avec une valeur annuelle des contrats en hausse de 29,3%, de 540 millions d’euros à 698 millions d’euros.
Lyonel Roüast, Partner & President d’ISG pour la région SEMEA, commente : « Les actuels enjeux politiques et commerciaux participent à une situation mitigée concernant les investissements dans la technologie, avec des entreprises fortement divisées entre investir dans la croissance ou miser sur la technologie pour réduire les coûts d’ici à 2020. De nombreux fournisseurs de technologies se montrent modérément optimistes quant aux investissements et à la demande. À court terme, ils resteront à l’affût des facteurs externes pouvant avoir un impact sur les clients et leur décision d’acheter. »
Prévisions mondiales
ISG table sur une croissance de 22% de la valeur annuelle des contrats as-a-service en glissement annuel pour la fin de l’année 2019. « Nous examinons de près la suite des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine et la façon dont les entreprises de technologie pensent satisfaire la demande si la Chine se montre plus restrictive dans son approche des entreprises américaines », précise Lyonel Roüast.
« Concernant le marché mondial des services IT et métier, nous optons pour plus de prudence et revoyons nos prévisions à la baisse pour ce marché, de plus de 50 points de base, à 2,6% pour le reste de l’année 2019. Ceci tient compte des fluctuations des taux de change avec le dollar fort et de possibles ralentissements d’activité de quelques-uns des fournisseurs les plus importants du secteur. »