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Impact environnemental : Communication papier versus numérique, où en est-on? Maud Laurent pour DOCaufutur

Nous avons tous déjà reçu des emails avec l’annotation « avez-vous vraiment besoin d’imprimer cet email ? Ne nuisez pas à l’environnement » ou « réfléchissez avant d’imprimer ». Ce type de message induit que les communications numériques sont plus respectueuses de l’environnement que la communication papier et incite les salariés et les clients des entreprises à passer au tout numérique. De nombreuses études sur l’impact environnemental du papier versus numérique montrent qu’il est aujourd’hui impossible de dire qui est le plus gros pollueur entre les deux supports, tant les facteurs qui entrent en compte sont nombreux. DOCaufutur a mené l’enquête … vous allez être surpris ! 

Françoise Berthoud est ingénieure de recherche au CNRS et directrice du groupement Ecoinfo qui propose des bonnes pratiques pour soutenir l’environnement dans le secteur numérique. Selon elle, le papier a toujours eu une mauvaise image,  à tort ; « On peut tenir l’information papier en main contrairement à une information numérique qui n’est pas palpable. Autre raison : nous avons beaucoup plus de recul en termes d’études et d’analyses sur le papier que sur le numérique » explique l’ingénieur de recherche. Loïc Lefebvre, Directeur Développement du Groupe DIFFUSION PLUS et Président de l’association APEM (Prestataires de Services en Editions Multimédia), parle aussi de l’utilisation d’un prétexte écologique. « Les acteurs économiques utilisent le numérique en grande partie pour les économies qu’il permet – l’affranchissement étant le deuxième poste de dépenses dans les services généraux des entreprises, sans parler du transport. Les lobbys du digital travaillent bien leur communication pour que chacun pense que le papier est pollueur face à la Green IT ». Mais qu’en est-il vraiment ? 

« Le papier est l’un des rares produits réellement durables. Lorsque l’on parle de respect de l’environnement, le papier est loin d’être la première cible »

Hadrien Cottin est le Directeur de l’association Two Sides, présente dans de nombreux pays du monde. « Notre cause, c’est de faire comprendre aux entreprises et au grand public que le papier est plus écologique que ce qu’ils imaginent et qu’il faut apporter de la nuance aux idées reçues. Le papier est l’un des rares produits réellement durables. Lorsque l’on parle de respect de l’environnement, le papier est loin d’être la première cible » précise t-il. Nicole Dib, Dirigeante du cabinet ADforce nous explique que dans une très grande majorité les forêts sont gérées durablement –labels PEFC et FSC. « La qualité du papier recyclé a évolué. Il est beaucoup plus utilisé, sa teinte atteignant aujourd’hui la même blancheur qu’un papier classique (sans utiliser d’agents blanchissants). En parallèle, l’ensemble des acteurs travaille à fournir des encres plus facilement recyclables et  « désencrables », à base d’encres huileuses, plus faciles à extraire que les encres à base d’eau ». En terme d’usages, les entreprises sont invitées à imprimer en noir & blanc, en recto/verso.

Pour comparer l’impact écologique du papier et du numérique, de nombreux paramètres entrent en ligne de compte comme la nature des contenus, le nombre de lecteurs, les types de stockage, le recyclage ou non du papier, la fréquence de remplacement de l’appareil, etc.

Pour les articles comme celui que vous êtes en train de lire, l’impact environnemental est à peu près similaire au journal papier, mais cela dépend également du temps de lecture. En fait, plus la durée de consultation et de conservation est courte et plus le support numérique est adapté.

Jean-Philippe Khristy, Directeur du Pôle Relation clients chez Sefas Innovation – DOCAPOST, est conscient que l’informatique a un impact important sur l’environnement. « En général, plus les supports digitaux sont performants et plus ils consomment d’énergie. Le stockage des données est également problématique puisque les données stockées dans le monde augmentent de 20% chaque année, aggravant ainsi notre trace numérique et la présence d’immenses datacenters ». Concernant le recyclage, Nicole Dib nous explique que pour le numérique, le processus est beaucoup plus compliqué que pour le papier, car outre la collecte et le traitement par des entreprises spécialisées, il faut aussi s’occuper du tri: câbles, chargeurs, serveurs, téléphones, ordinateurs, etc… Le travail est lourd, long et assez onéreux, sans être aussi écologique que le recyclage du papier.

Des solutions existent pour limiter dans nos usages le risque environnemental

Chez Sefas, les développeurs R&D sont formés à utiliser le moins de ressources énergétiques possibles dans la conception même des logiciels; tout est ainsi pensé pour une optimisation maximisée des dites ressources. Pour Jean-Philippe Khristy, la transition numérique doit être appréhendée dans une démarche écologique globale dès l’école.

« Tous les relais de la société ont leur rôle à jouer pour éduquer les citoyens. Pourquoi toutes les entreprises ne mettraient pas en place une journée sans email par exemple pour sensibiliser les salariés ? » propose t-il. Pour Françoise Berthoud, il s’agit aussi de faire en sorte que les équipements terminaux des utilisateurs (téléphones, ordinateurs, tablettes…) aient un cycle de vie plus long. « Le problème actuellement, c’est que si un des éléments du terminal est obsolète, tout le terminal devient obsolète. Les initiatives de certains éditeurs qui s’engagent à ce que leurs logiciels fonctionnent sur des ordinateurs ayant 10 ans vont dans le bon sens » explique la chercheuse. Pour preuve la dernière étude de l’ONG Greenpeace, sortie il y a quelques jours, qui a testé les potentiels de rajeunissement de plusieurs smartphones, tablettes et ordinateurs. Gare aux mauvais élèves: Samsung, Apple et Microsoft!

Au sein de l’APEM, les prestataires de papier sont eux en train d’imaginer une méthode pour diminuer l’empreinte carbone de l’envoi, qui verra surement le jour dans quelques mois. Autre élément qui permet de rester positif, « c’est la tendance actuelle au retour aux choses simples et au plaisir de la déconnexion, pour un mode de vie où le numérique ne prend pas toute la place dans notre quotidien » indique Hadrien Cottin 

L’avantage écologique du numérique sur le papier n’est pas certain. Que ce soit le support papier ou le numérique, l’impact environnemental relève plutôt de notre responsabilité individuelle et, plus largement, de nos choix de vie et finalement d’avenir de société.

Pour aller plus loin :

Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.