En pleine période des « rendez-vous » de la famille « document » nous nous sommes posé la question de l’emploi et des RH dans la profession !
En effet lorsque nous nous sommes rendus sur les salons relatifs à la gestion documentaire ces derniers jours, il y règne une impression de « déjà vu ». Nous nous connaissons tous et … nous vieillissons tous également ! Nous sommes une grande famille où le sang neuf ne semble pas pointer le bout de son nez. Est-ce une simple impression ou une réalité qui montre que les jeunes ne s’intéressent pas à notre secteur ?
Pour Elvire del Fondo, directrice du cabinet de conseil en RH Audigny « les salons, c’est la partie émergée de l’iceberg, cela ne représente pas la réalité ». En back-office, elle a l’occasion de voir beaucoup de jeunes qui arrivent sur le marché que ce soit en avant-vente, projet, informatique ou en service client. Ce n’est d’ailleurs pas le même type de population qu’il y a dix ans. « Aujourd’hui, ils sont mieux formés et plus diplômés. Dans les postes d’avant-vente, chaque vendeur est spécialisé sur un produit (éditique, produit, dématérialisation) » précise-t-elle. Lors d’un appel d’offre, ils travaillent en lien avec les R&D, la faisabilité, les opérations… afin d’évaluer si leur entreprise peut y répondre ou non. Ce sont généralement de jeunes ingénieurs. Dans les usines, il y a également pas mal de renouvellements, et notamment au niveau de l’encadrement en production. Le niveau de compétences a augmenté en 10 ans. Cela devient de plus en plus technique (qualité, nouvelles règlementations, processus industriels) et de nouveaux managers âgés de 35 ans en moyenne arrivent actuellement sur ces postes. Jean-Pierre Blanger, directeur des Offres de Services chez Ricoh, est « très optimiste sur la jeunesse. Je ne constate pas de quelconque pénurie et il n’y a pas de rejet des jeunes de notre secteur ».
Des métiers techniques où l’expérience va de pair avec l’expertise
« Les Arts graphiques nécessitent un fort niveau d’expertise à partir de différents métiers. Un jeune devra passer par des entreprises prestataires pour toucher à plusieurs domaines allant de la composition à l’impression, en passant par l’indexation, la conservation ou encore le film, la prise de vue, la diffusion multicanal et ses impacts » reconnaît Jean-Pierre Blanger. Pour le directeur des Offres de Services de Ricoh, l’alternance est une très bonne idée pour intégrer doucement mais sûrement les nouvelles recrues. Niveau recrutement, Elvire Del Fondo remarque une différence entre petites et grandes entreprises : « Les entreprises de petite taille ont moins le temps d’accompagner les jeunes et de les former. Elles souhaitent un retour sur investissement immédiat et pour cela, elles préfèrent débaucher des talents à la concurrence ».
Dans l’univers de la gestion documentaire, on constate que certains métiers possèdent une image négative et ont donc moins la cote que d’autres. « Le métier de commercial est mal considéré en France, on a de plus en plus de mal à en recruter. C’est encore plus vrai dans les domaines techniques comme celui de la gestion documentaire. Les entreprises sont obligées d’embaucher des commerciaux âgés entre 45 et 50 ans » indique Elvire del Fondo. Jean-Marc Jagou, Président de l’association Xplor France et directeur du cabinet de Conseil Excéo, nous parle du métier de documentaliste : « certains le voient comme un métier poussiéreux alors que c’est tout le contraire. On oublie tout le volet technologique qu’il y a derrière et l’importance cruciale de ce métier pour une entreprise ». Pour rendre la gestion documentaire plus « sexy », le Président d’Xplor propose de sensibiliser les élèves dans les écoles avec des démonstrations d’outils et de logiciels d’éditique ou de gestion documentaire, ainsi qu’à travers des visites en entreprises.
Si l’imprimerie traditionnelle semble être en récession, d’autres métiers recrutent : « il y a du travail sur des postes d’opérateurs de numérisation, de vidéocodeurs, de chefs de projet. Dans un avenir proche, on aura également besoin de personnes travaillant dans la gestion des documents électroniques et leur exploitation » conclut Jean-Marc Jagou.
Quelques écoles qui méritent la visite :
- L’école des Gobelin
- Université La Rochelle
- PAGORA : École internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux
Par Maud Laurent, journaliste pour DOCauFutur, l’avenir du document