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Développement de l’Intelligence Artificielle, quels enjeux culturels et sociétaux ? Morgane Palomo pour DOCaufutur

Profitons de la journée de la femme digital et de la présentation annuelle du G9+ (think tank d’études et d’échanges sur le numérique) pour aborder la transformation culturelle, sociétale, économique et sociale actuellement en marche, poussée par la révolution numérique. Face au rythme galopant de cette évolution, il ne s’agit plus de résister mais d’accompagner le changement ! Découvrons ensemble, les bouleversements que connaît actuellement le monde du travail et les questions que peuvent soulever le développement de l’IA.

Lors de la journée de la femme digitale (JFD), Cendrine Dominguez et Elise Masurel nous présentaient le digital comme un moyen de recréer ‘du lien’.

En effet, avant l’air digitale, les échanges étaient limités. Au sein du réseau personnel mais également dans le cadre de la relation marques / consommateurs. La création de nouveaux canaux de contact a permis la création d’une relation client plus personnalisée et plus directe. Le niveau de transparence développé instaure ainsi une relation plus saine et donc de confiance.

Lors de la JFDP Elise et Cendrine précisaient qu’afin de créer du lien, il faut avant tout se faire confiance et créer une véritable tribu – ou trouver la sienne.

Cette nouvelle approche permet aussi aux marques d’engranger une masse importante de données. De fait, tout devient ‘information’ : les habitudes de navigation, les commentaires et échanges sur les réseaux sociaux, les requêtes effectuées sur les moteurs de recherches … Les marques peuvent mettre à profit toutes ces données (le Big data) et tendre vers l’aboutissement ultime du lien digital : la Co-création du parcours d’achat.

Les outils digitaux permettent d’être relié autour de l’immatériel, cependant, il est aujourd’hui important de pouvoir recréer le lien entre digital et physique. L’enjeux pour les marques est de reconstruire les communautés digitales dans le monde réel.

Pour ce faire Cendrine Dominguez et Elise Masurel nous livraient quelques règles d’or :

  • Respecter la promesse faite à votre communauté
  • Trouver le bon outil, le meilleur langage à adopter vis à vis de vos cibles et de vos objectifs
  • Croire en soi
  • Et avant tout garder ses convictions

Une nouvelle relation aux machines grâce à l’IA

Depuis tout temps, les Hommes ont imaginé des mythes, histoires, légendes et spéculations au sujet d’hommes mécaniques et d’êtres artificiels dotés d’une intelligente humaine. l’IA est d’ailleurs un élément important de la science-fiction.

Aujourd’hui, des assistants personnels présents dans nos smartphones aux objets connectés, l’IA est partout ! Nous sommes entrés depuis quelques années déjà dans l’air numérique du « care ». Pléthore d’applications et d’objets connectés nous aident à gérer notre santé, à développer notre bien-être, dispensent des conseils de fitness et de nutrition …

Imaginez …  dans 30 ans l’IA sera capable de connaître votre agenda, le Traffic en temps réel, votre cycle de sommeil et d’adapter l’heure de votre réveil. Mais également de préparer la salle de bain avec une ambiance chaleureuse. Grâce à un échange verbale avec votre miroir connecté, vous aurez accès à différents tutoriels et conseils beautés adaptés pour démarrer votre journée le plus facilement et rapidement possible !

On parlera alors d’une relation intimiste -et tout de même assez intrusive-, vous offrant un gain de temps mais également un choix facilité !

Continuons notre découverte d’une journée accompagnée –Dictée ?-  par l’IA :

Grâce à sa connaissance en temps réel du trafic et de vos habitudes, vous arrivez pile à l’heure au bureau. Vous accédez rapidement aux locaux, votre IA a depuis longtemps remplacé votre badge d’accès.

Tout au long de votre journée, l’IA observe vos gestes ; sont-ils habituels ? Faites-vous plus d’erreurs qu’à l’accoutumé ? Si vous perdez trop de temps à essayer de comprendre les fonctionnalités d’un nouveau logiciel, l’IA vous soumettra un module de formation.

Vous perdez en productivité sur votre tache ? L’IA analyse que cela résulte du fait que vous avez déjà travaillé 3 heures à la suite sur un projet et vous pousse à le mettre de côté un petit moment pour vous changer les idées.

L’IA peut-elle finir par voler votre travail ?

Selon le rapport « the future of employment » abordé lors du G9+, 47% des emplois seraient menacés. Pourtant les acteurs du secteur tel que les créateurs de Julie Desk (présent lors de la journée de la femme digitale) pensent que l’on tend avant tout vers la collaboration.

Pour bien répondre à cette question, nous devons répondre également à la question suivante : l’IA remplacera-t-elle plus d’emplois qu’elle permettra d’en créer ?

La difficulté réside dans le fait qu’un changement massif du marché de l’emploi est en cours mais demande du temps.

La menace n’est logiquement pas la même pour tous les secteurs d’activités et toutes les professions. Sans surprise, les postes nécessitant un faible niveau de formation et impliquant des taches standardisées sont les plus « robotisables ». Pourtant, l’automatisation concerne également le secteur des services et des expertises. Grâce au récent développement des logiciels automatisés permettant l’exécution autonomes de tâches administratives.

Cela concerne par exemple l’expertise comptable, les conseillers fiscaux, les cartographes.

Il faut apprendre à percevoir l’automatisation comme une opportunité et non comme un risque !

L’environnement de travail en lui-même devient intelligent. Le paysage de l’emploi est en pleine mutation et tout ce qui tend à s’automatiser réside dans les « commodités ». La valeur des emplois du futur (proche ou lointain) résidera dans l’émotion et l’interaction.

L’automatisation permet de se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée en se déchargeant des tâches ingrates.

Les conseillers financiers par exemple, pourraient continuer à accompagner leurs clients. Mais aussi mettre en place des solutions personnelles en réponse à leurs besoins. Alors que les processus d’arrière-plan, l’exécution des transactions, la génération de rapports, seraient entièrement automatisés.

Ainsi, il faut développer des zones de création de valeur grâce à de nouveaux services.

En résidera au sein de l’environnement même du travail, un allègement du contrôle, et l’abandon du mode de fonctionnement hiérarchique.

Aujourd’hui, face aux grandes plateformes internationales, la force réside dans le local.

En effet, il n’y a pas de délocalisation possible pour les domaines d’interactions. Ainsi dans le cadre d’une « taxe robots », l’intérêt résiderait dans la taxation des robots remplaçant les interactions humaines ; dont nous ne pouvons pas nous séparer ; plutôt que dans la taxation des robots d’exécution de taches standardisées qui eux pourraient être facilement délocalisables là où la taxe n’existe pas.

Ainsi, l’économie de service tend à se développer au travers de la démocratisation des « privilèges aristocratiques ». Nous avançons donc vers un artisanat et une personnalisation de masse : vêtements, meubles, chaussures. Les produits tendent à devenir uniques et à la demande !

Les emplois se transforment. Avec l’essor des freelances, le contrat social de travail serait à repenser pour correspondre aux nouveaux modes de vies plus aspirationnels. De nouveaux métiers émergent de plus en plus axés sur le design, l’émotion, le relationnel, le storytelling, le service.

En définitive, il y a bien une destruction d’emplois mais en parallèle se développe une réelle valorisation des métiers de l’interaction (Humain / Humain).

Ainsi l’IA tend principalement à nous remplacer sur les emplois standardisés ou de traitement de données ; en laissant ainsi le champ libre pour nous consacrer à des métiers plus créatifs, et mettant l’accent sur le relationnel.

L’IA peut-elle vous remplacer en tant que parents ?

Nous imaginons bien – et espérons de tout cœur- que jamais au grand jamais la conception et l’enfantement ne pourront être laissés aux soins d’une machine ; aussi performante puisse-t-elle être.

Pourtant, dans la mesure où elle peut être partout à la fois : surveiller le petit dernier et faire faire ses devoirs aux aînés, elle peut s’avérer d’une grande aide. Nous pourrions être tentés de lui déléguer les tâches ingrates de la parentalité pour se libérer plus de temps libres.

Cela peut nous offrir plus de facilité et nous faire gagner un temps précieux ; mais attention à ne pas en faire une habitude.

En effet dans quelle mesure sommes-nous capables de se réapproprier ce que nous abandonnons à la technologie ? Prenez le calcul mental par exemple ou les créneaux. Seriez-vous capables, après avoir abandonné ces taches à une calculatrice et à votre véhicule de plus en plus intelligent, de les ré-exécuter aussi efficacement ? Soyons honnêtes … Plus nous déléguons aux machines plus il est difficile de faire marche arrière.

Attention donc à ne pas tout déléguer !

Les questions à soulever

Dans la perspective d’un tel usage de l’IA, les tâches ingrates seraient laissées aux robots nous laissant ainsi le champ libre à la création et au contact humain.

D’un autre côté, nous ne serions donc plus jamais vraiment seul …

Face à ces pratiques, deux visions serons possibles :

L’IA devient une bonne copine qui vous accompagne et vous conseille ; ou vous voilà affublé d’un coach autoritaire répondant (vous demandant de répondre) à des objectifs et injonctions précis.

Dans cet optique, on peut se demander à qui votre IA obéira-t-elle ? A vous, ou une multinationale de produits cosmétique à qui elle aura vendu vos données ? Vous sera t-elle uniquement dévouée ou servira t-elle également les intérêts de l’état, de votre mutuelle et employeur …

L’IA sera capable de diagnostiquer vos besoins pour votre bénéfice mais pourra également devenir un objet d’évaluation et de surveillance… L’abandon des données personnelles, à la fois émotionnelles et psychologiques, deviendra alors une question sur laquelle il faudra se pencher et encadrer.

Nous sommes aussi en droit de nous demander si l’IA nous ne pousserait pas à respecter des normes dans un souci de conformisme ? Qu’adviendra-t-il si je refuse une injonction ?

Nous n’avons pas actuellement les réponses à ces questions mais gardons les à l’esprit et prenons en compte ces interrogations dans l’évolution des choses !

Pourrions-nous finalement clouer le bec à l’IA ?

Nous ne souhaitons pas toujours suivre les normes et rentrer dans un moule préétabli ni devoir se justifier de tous nos choix ! Si l’IA est une bonne copine, elle reviendra et ne vous en tiendra pas rigueur. Dans le cas contraire, aurions-nous toujours accès aux mêmes services ?

La réponse est assez simple, l’IA reste un ensemble de codes et d’algorithmes. Attention à ne pas lui prêter tous les attributs d’un humain. Ainsi, lui clouer le bec non, l’éteindre oui !

Enfin, continuons à nous questionner pour en encadrer les usages et surtout les répercutions sur notre vie / nos informations personnelles afin que nous ne devenions pas une simple marionnette dont les choix ne seraient plus dictés que par un algorithme imitant notre propre lucidité.

Morgane
Morgane Palomo

Diplômée d'un master un brand management marketing, sa curiosité et sa soif de savoir ne sont étanchées. De nature créative, elle a su diversifier ses expériences. De la création graphique, à l'événementiel en passant par la communication interne et le marketing digital, elle s’est construit un savoir pluriel et avant tout polyvalent.

Written by Morgane Palomo

Diplômée d'un master un brand management marketing, sa curiosité et sa soif de savoir ne sont étanchées. De nature créative, elle a su diversifier ses expériences. De la création graphique, à l'événementiel en passant par la communication interne et le marketing digital, elle s’est construit un savoir pluriel et avant tout polyvalent.