in

Impression en ligne : lifting ou cure de jeunesse de l’impression de labeur ? Corinne Estève Diemunsch pour DOCaufutur

L’imprimerie de labeur perd des forces et des plumes chaque trimestre ; la lettre économique de l’IDEP affichait encore une baisse de la production d’imprimés « de 2,1 % au 3ème trimestre 2016 par rapport au 3ème trimestre 2015. Tous les marchés sont à la baisse, les livres et les imprimés de gestion personnalisés étant les moins touchés (respectivement – 0,7 % et – 0,6 %) ». Cependant ce marché conserve sa dynamique et repense son modèle notamment avec l’arrivée de nouveaux entrants « ultramodernes ». Parmi eux des imprimeries qui ont su prendre le virage du numérique et surfer sur la frénésie du commerce en ligne.

Pour Benjamin Buffet, Directeur Marketing de DMS « l’impression en ligne est un « outil » que les imprimeurs ont à disposition pour accompagner leur évolution et/ou transformation. On parle énormément de transformation digitale et, dans le milieu de l’imprimerie, cela se résume trop souvent à l’impression en ligne, le fameux web-to-print, la technique et les technologies qui en découlent. » Françoise Perenchio, gérante de l’atelier de fabrication Agate à Meudon explique, quant à elle, que « l’imprimerie en ligne est la descendante logique de l’imprimerie de labeur. Elle laisse entrevoir aux utilisateurs des possibilités d’autonomie et de prix défiants toute concurrence. Toutefois il ne faut pas s’y tromper. Vous en avez toujours pour votre argent ! La maxime vaut aussi dans ce domaine. Etre autonome ne signifie pas que vous êtes devenu un expert du print ou de la fabrication d’un produit fini (packaging) ».

L’impression en ligne marque-t-elle la révolution de l’imprimerie traditionnelle ?

Connue de tous depuis plusieurs années, l’impression en ligne ne semble pas avoir pris une seule ride ; certes elle n’en est qu’à son adolescence ! Avec des solutions adressant tant le B2B que le B2C, les communications personnalisées unitaires et les moyens tirages, les petits et grands formats, les goodies comme les badges événementiels ou d’entreprises… les solutions en ligne, dorénavant nombreuses, sont de véritables supermarchés du print.

Parmi ses acteurs nous avons retenu l’un des précurseurs de cette industrie, Helloprint, une société née il y a une quinzaine d’années aux Pays Bas et devenue incontournable sur l’hexagone. Helloprint ne connait pas les conséquences de la baisse structurelle de la demande car l’imprimeur offre un panel très étendu de produits. A ses débuts, les fondateurs d’Helloprint proposaient de l’impression en ligne standardisée « Nous avons beaucoup appris au fil du temps et nous mettons aujourd’hui à profit de nos clients cette expérience pour mieux les aider à réaliser leurs projets. Notre croissance rapide nous a permis de devenir l’acteur le plus important du marché, et prouver jour après jour que nous pouvons offrir de l’impression en ligne moins cher, plus facile et plus rapide que la concurrence. »

Les grands acteurs de l’impression en ligne semblent avoir complètement bousculé le marché du print et les codes commerciaux établis. « Ils ont créé une rupture entre le pur modèle industriel historique et un modèle commercial s’appuyant sur les nouvelles attentes, les nouveaux usages et les nouveaux moyens mis à leur disposition » poursuit Benjamin Buffet. « Je ne suis pas certain que l’on puisse réellement les compter parmi « les imprimeurs ». Ce sont avant tout des pure-players, avec tous les codes du e-commerce, mais qui produisent de l’imprimé ! » En effet, à l’instar d’Helloprint les imprimeurs en ligne sont souvent de véritables grandes surfaces, au sens noble du mot. Ils peuvent étonner d’ailleurs par la diversité des objets proposés : accessoires, posters, aimants design, autocollants, goodies, badges, bracelets, supports marketing et commerciaux, publicitaires, vêtements… tout cela imprimé évidement. « Si je devais parler de révolution vis-à-vis de l’impression en ligne, j’aborderais le sujet sous un angle commercial/marketing. La révolution réside beaucoup plus dans la capacité que les imprimeries ont à transformer leur approche, leur stratégie, leurs modèles, … ; que dans la mise en place d’un site d’impression en ligne. »

Dans le brouhaha incessant du Business, il semble que ce sont les différentes « révolutions » et évolutions autour du monde de l’imprimerie qui l’ont poussé à se transformer. Que ce soient les technologies, l’univers numérique, les usages des consommateurs, les facteurs de transformation de l’imprimerie de labeur sont nombreux mais, au fond, identiques au reste de l’économie et des métiers. « L’impression en ligne est l’une des réponses en réaction aux changements sociétaux mais ne peut pas, à elle seule, renverser un secteur entier. Là où finalement je rejoins le terme « révolution », » renchérit Benjamin Buffet, « c’est que grâce à cette disruption, les imprimeurs en ligne (entre autres) ont fait complètement exploser un marché qui n’arrivait pas ou ne souhaitait pas vraiment s’adapter à la réalité économique de son temps. La révolution de l’imprimerie peut donc être vue comme venant, en partie, des acteurs de l’impression en ligne, mais l’usage de l’impression en ligne ne représente pas, pour moi, une révolution ! »

Fortes pression sur les prix dans le paysage numérique !

Arguant toujours des mêmes atouts, les imprimeurs en ligne se targuent souvent de proposer les meilleurs prix. En effet, Internet leur permet d’afficher tout au long de l’année de nombreuses promotions. Pourtant les coûts fixes de matière première, consommables, personnel, locaux, matériels demeurent les mêmes pour tous, sauf à sous-traiter dans des pays où tout cela est moins disant. Gare au piège! Il restera alors le problème du délai de livraison.

Choisir un imprimeur en ligne n’est pas anodin car cette option est souvent aussi la réflexion d’un besoin de réactivité et de rapidité de réception des produits. « Si en seulement quelques clics, votre commande peut être passée et que l’on vous annonce une livraison dans un temps record, encore faut-il respecter la qualité et le délai ! » avertit Françoise Perenchio. « Le service client n’est pas toujours au rendez-vous ; je vois souvent des clients déçus revenir vers moi après avoir testé l’impression en ligne. La qualité du papier n’est pas toujours non plus celle imaginée par le client qui ne sait fréquemment pas ce qu’il achète comme produit fini. »

Les utilisateurs de services d’imprimerie en ligne souhaitent aussi généralement être autonome dans la création de leurs supports. Les imprimeurs en ligne ont donc développé et mis à disposition des solutions intuitives pour créer de façon guidée des produits personnalisés. Pour preuve, nous avons testé celle d’Helloprint et le résultat est franchement très satisfaisant. Pour les moins créatifs, il est bien sûr possible de s’adresser aux graphistes expérimentés des acteurs en ligne qui prendront la main ou vous accompagneront tout au long de votre projet. Pourtant Françoise Perenchio reste prudente : « les solutions en ligne sont parfaites pour les produits simples comme les cartes de visite ou cartes de correspondance et pour les particuliers. Mais il ne faut pas souhaiter de papier de création, avoir un code couleur très complexe ou vouloir un façonnage original. Sinon il faut savoir mesurer et accepter le risque d’une déception possible. Ce n’est pas pour rien que les ateliers de fabrication existaient. Ils sont souvent devenus aujourd’hui des agences de communication plus globale. »

Une expérience client maximisée

Pour Benjamin Buffet « en plus des tarifs attractifs, la proposition des imprimeurs en ligne est valorisée par une réelle expérience utilisateur. Un catalogue extrêmement riche, des applicatifs clairs et préparés pour chaque cible client, une démarche « Do It Yourself », …  » Autant d’éléments qui pourraient être assimilés à une liberté rendue aux utilisateurs. « Je pense surtout que ce sont les usages qui ont poussé les imprimeries en ligne à travailler comme cela, et non l’inverse. La liberté rendue aux utilisateurs est à l’image de tout ce qui est « uberisé » en ce moment. On s’intéresse aux usages plutôt qu’à, impérativement, proposer une offre commerciale aux clients ! Finalement l’imprimerie en ligne aura peut-être été précurseur dans le fait de trouver, pour le secteur de l’imprimerie, un modèle disruptif et innovant ! » Conclut Benjamin Buffet

Pour aller plus loin, nous vous suggérons de vous rendre aux salons Créativ’Cross-media les 29 & 30 mars à Paris et Graphitec en mai prochain.

 

corinne-portrait3Corinne Estève Diemunsch, CMO de Limonetik, Co-fondatrice de TiKibuzz, éditeur du répertoire des métiers et des acteurs du document et créatrice de DOCaufutur.fr

Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.