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L’IoT doit s’appuyer sur le Libre – Pierre FICHEUX, Directeur technique OWI (Groupe Smile)

Tout comme l’Internet a bouleversé notre quotidien au siècle dernier, la révolution de l’intégration d’objets physiques dans le réseau des réseaux est en marche. On peut raisonnablement se demander s’il s’agit  réellement d’une révolution ou tout simplement de l’exposition d’un ensemble de technologies autrefois ignorées du grand public (voire de certains industriels). De nombreux analystes prévoient plusieurs dizaines de milliards d’objets connectés à moyen terme (50 milliards dans 5 ans selon [1]) et même si il est prudent de se méfier des grands nombres cela ne peut que susciter l’excitation, voire l’enthousiasme !

Le démarrage du marché de l’IoT dans ses applications grand public s’accompagne du développement d’une multitude de solutions matérielles et logicielles captives très éloignées des standards et donc des modèles libres/open source [2] alors que l’enfermement de ce marché dans une telle logique propriétaire serait un frein qui pourrait remettre en cause les prédictions mirobolantes des analystes. Les objets connectés de type capteur (qui devraient constituer la majorité du nombre prévu par les analystes) utilisent des protocoles de communication dédiés et ce pour des raisons d’optimisation de la bande passante et de consommation énergétique. Nous voyons donc poindre dans ce domaine quelques « pseudo-standards »  qui sont techniquement satisfaisants mais restent des produits ou protocoles issus de solutions propriétaires.

La situation est différente sur les objets plus complexes – capables d’utiliser des OS comme Linux – car nombreux industriels de premier plan migrent depuis quelques années vers des technologies plus ouvertes avec l’adoption de standards de type Ethernet comme AFDX (Avionic Full DupleX) EtherNet/IP, ou openPOWERLINK, les sources de ce dernier étant disponibles sous licence libre [3]. Du coté du matériel, la conception est largement facilitée par l’existence de briques matérielles libres « open hardware » (principalement des modules équipées d’un processeur comme le SensorTag de chez TI [4] ou la désormais célèbre carte BeagleBone Black) qui permettent de réaliser une maquette à très faible coût voire adapter le matériel existant pour un produit final. Le traitement et la valorisation des données, autres segments fondamentaux de l’IoT, sont moins touchés par l’adoption de solutions propriétaires car intégrés au système d’information dans lequel le libre  – et les standards – sont  bien implantés depuis de nombreuses années avec une évolution très favorable (Cloud,  Big Data, démarche DevOps).

Les grands groupes industriels pour lesquels l’arrivée de l’IoT est stratégique sont le plus souvent à même de gérer les difficultés inhérentes à l’évolution et surtout capables d’évincer les solutions captives au profit des standards. Pour eux – et pour reprendre le terme d’un expert d’un de ces groupes – un standard dont il n’existe pas de version open source ne peut être un véritable standard. Dans ce monde dédié à des solutions embarquées critiques, les outils fondamentaux sont souvent issus du monde du libre (citons TOCASED/Polarsys initié par Airbus [5]). Si l’Internet (et l’économie associée) a pu se développer au rythme que nous connaissons, c’est avant tout grâce aux standards « RFC » (Request for Comments [6]) qui représentent peu ou prou les tables des lois du réseau des réseaux, gravées dans le marbre. Il n’y a aucune raison pour que cette nouvelle version de l’Internet (extension physique du « web 3.0 ») ne suive pas les mêmes règles que ses aînés.

Les principales cibles des solutions propriétaires sont les sociétés naissantes ou abordant ce marché à venir comme une diversification. Dans ce cas il n’est pas toujours facile de résister aux sirènes de la solution unique (du matériel et protocoles de transfert des données en passant par l’outil de développement et de déploiement). Les technologies utilisées nécessitent fatalement des compétences et donc un investissement intellectuel et financier.  A l’instar des créateurs de sites web, les concepteurs d’objets connectés ne sont pas non plus techniciens émérites et le spectre des technologies impliquées dans l’IoT est bien plus large, du fait de la présence du matériel qui de plus se doit d’être d’une grande fiabilité puisque souvent destiné à un fonctionnement autonome. Les comités d’experts comme ceux du GTLL  [7] (Groupe Thématique Logiciel Libre du pôle de compétitivité Systematic Paris Région) ainsi que l’écosystème des entreprises du libre ont pour mission première de faciliter l’accès à ces technologies du libre (logiciel mais également désormais matériel) à toutes les entreprises afin de leur éviter de commettre des erreurs stratégiques qui pourraient leur être fatales tant au niveau technologique que financier.

pierrePierre FICHEUX, Auteur du livret bleu « Open Source pour l’IoT » édité par le GTLL [8]

  1. https://www.maddyness.com/innovation/2015/05/12/objets-connectes-securite/
  2. https://www.smile.fr/Ressources/Livres-blancs/Culture-du-web/Comprendre-l-open-source
  3. https://openpowerlink.sourceforge.net/web/
  4. https://www.ti.com/ww/en/wireless_connectivity/sensortag2015/index.html
  5. https://www.polarsys.org/topcased
  6. https://www.ietf.org/rfc.html
  7. https://www.systematic-paris-region.org/fr/logiciel-libre
  8. https://www.smile.fr/Ressources/Livres-blancs/Ingenierie/Open-source-pour-l-iot
Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.