Une étude réalisée en 2013 par le cabinet de recrutement Florian Mantione Institut révélait que près d’un candidat sur deux triche sur son CV, quand 33% des candidats s’attribuent «souvent» ou «toujours» un faux diplôme. La Ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a annoncé fin janvier qu’un service d’attestation numérique des diplômes sera créé à l’automne 2016.
« 80 000 demandes d’attestations de diplômes sont réclamées chaque année. Le temps de recherche est souvent long auprès des établissements scolaires, ce qui est problématique lorsque l’on se trouve dans un processus de recrutement » explique Mathieu Jeandron, directeur du numérique pour l’Education. L’attestation numérique devrait permettre d’optimiser l’action de l’administration, fluidifier la relation employeur / salarié et lutter contre la fraude. « Nous disposons déjà d’une sources de données fiables des diplômes délivrés sous la responsabilité de l’Education nationale, il s’agit maintenant d’harmoniser et de consolider cette plateforme pour qu’elle soit prête à l’automne 2016 » précise le directeur. La technologie qui sera utilisée n’a pas encore été choisie : offrir un service qui permet aux diplômés d’attester de leur diplôme grâce à un code barre 2D à flasher via un smartphone ou vérifier les diplômes obtenus grâce à une URL sécurisée qui pointera vers la base de données officielle du site du Ministère avec le code personnel du candidat.
Le diplôme papier est-il encore adapté au monde numérique d’aujourd’hui ?
Des entreprises privées de certification se trouvent déjà sur ce marché. C’est le cas de Dhimyotis. Son fondateur Arnauld Dubois explique « Nous préconisons le cachet électronique visible (CEV) de type 2D-DOC ou 2D-ORIGIN. Cette technologie s’appuie sur un code qui intègre une signature électronique, permettant à un organisme agréé de sceller dans le code les informations du diplôme. Un scan de ce code à l’aide d’une application sur votre smartphone vous donne l’accès à ces informations certifiées. Un autre intérêt est que la vérification fonctionne sur document papier ou numérique ». Pour Arnauld Dubois, aujourd’hui tout le monde est capable de réaliser des faux diplômes papier. Et dans un monde numérique, la forme papier du diplôme ne lui semble plus vraiment adaptée. La société Authentication Industries (AI) a pour sa part développé et breveté la technologie AiCode® qui assure un contrôle des diplômes aussi bien en ligne, que hors ligne (sans internet) à partir d’un scanner de bureau. Pour Christian Guichard, son Président fondateur, « l’initiative du gouvernement est un début mais n’est pas complète. Elle ne concerne pas les diplômes obtenus à l’étranger ni ceux obtenus il y a plus de 15 ans et nécessite obligatoirement Internet. Je travaille par exemple avec le Cameroun où les connexions Internet sont rares ».
Faux diplôme, mais également faux CV
Pour la société Verif CV, la fraude au diplôme est un véritable fléau pour les entreprises. « Généralement, les entreprises s’en rendent compte trop tard, parfois lorsque la période d’essai est passée. Cela apporte une mauvaise image en interne comme en externe quand le travail n’est pas à la hauteur faute de réelles qualifications » nous raconte Maximin Ottino, directeur. Pour lui, il ne faut pas seulement s’attaquer à la fraude des diplômes mais aussi aux expériences exagérées. Le marché du travail étant tendu, beaucoup de candidats n’hésitent pas à ‘‘gonfler’’ leurs expériences professionnelles passées : allonger des durées de postes pour masquer une période de chômage, mentir sur son titre de poste, sur ses responsabilités, etc.
Les services RH des entreprises ont les cartes en main pour lutter contre les faux diplômes que certains candidats n’hésitent pas à apporter en entretien d’embauche. L’avenir nous dira si la future attestation numérique gratuite du gouvernement sera aussi efficace que les prestations de certification des entreprises privées.