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Websummit 2015, convergence et effervescence – un laboratoire d’ idées disruptives

3000 startups, 40 000 visiteurs et 134 pays représentés, le Websummit 2015 confirme son statut de rendez-vous majeur pour les jeunes créateurs d’entreprise. Toujours laboratoire d’ idées disruptives, il est aussi victime de son succès, estiment notamment les investisseurs présents.

Chargés d’histoire, les locaux de la Royale Dublin Society ont accueilli pour la dernière fois le Websummit, du 3 au 5 novembre dernier. Colombie, Jordanie, Israël, Afrique du Sud ou Inde, plus de 3000 startups provenant de 134 pays ont fait cette année le déplacement. « C’est une opportunité unique de rencontrer nos pairs, d’échanger et de confronter nos idées », explique Alan Denis, venu de Grenoble pour promouvoir StreamData. La startup créée en 2008 a lancé en début d’année son premier produit, destiné à faciliter la mise à jour en temps réel des données fournies par les API web. « Les utilisateurs du web ne veulent plus attendre, qu’il s’agisse de météo ou de données financières, ils veulent que les données soient rafraîchies en temps réel » justifie Alan Denis. Très technique, mais totalement dans l’air du temps car la technologie a d’abord été pensée pour le trading bancaire. S’il y a une tendance à retenir de ce Websummit 2015, ce sera bien celle de la généralisation tous azimuts des technologies.

Emblématique, l’émergence de la réalité virtuelle sur des marchés où on ne l’attendait pas, ou pas si tôt, comme celui de la santé ou encore l’adaptation de l’impression 3D à la fabrication d’orthèses connectées pour accélérer la guérison des fractures. « L’intérêt des technologies est de ne pas se limiter », explique Lucas Prats, Directeur de la recherche d’Exovite. Ses « plâtres » imprimés en 3D lavables et équipés de stimulateurs musculaires connectés sont actuellement en test dans un centre hospitalier de Saragosse en Espagne. Ils coûtent dix fois moins cher que le matériau le plus en pointe utilisé pour résorber les fractures des sportifs de haut niveau, et il pourrait réduire de 20 à 30% le temps de rééducation grâce à l’électrostimulation et au suivi médical à distance. Seule ombre au tableau, il faut encore plus de quinze heures pour « imprimer » une orthèse pour un avant-bras ce qui oblige le patient à revenir et limite le nombre des prises en charge possibles. « La technologie d’impression 3D doit encore évoluer pour relever ce genre de défis », confirme Lucas Prats.

Beaucoup d’appelés, peu d’élus

D’un stand à l’autre, – ils font à peine un mètre de large -, le bouillonnement d’idées tourne cependant rapidement au brouhaha tant les idées révolutionnaires se ressemblent ou ont un air de déjà vu. L’édition 2015, peut-être plus encore que la précédente, aura eu du mal à se sortir de ce côté « foire aux startups » où les émules d’Air BnB se disputent à ceux de Uber. Dans de nombreux cas, le « pitch » de présentation de la startup se résume à un « nous faisons comme X ou Y mais différemment ou pour un public particulier ». Au point que, pour certains investisseurs, il s’est avéré difficile de faire la part entre ceux qui ont quelque chose pour sortir du lot et les autres. « Ceux qui se distinguent sont ceux qui maîtrisent une technologie en particulier ou ont une compétence que les autres n’ont pas. D’un autre côté, l’efferverscence est toujours intéressante car cela pousse chacun à se remettre en question et à améliorer sa proposition de valeur », analyse Nicolas Mery, fondateur de DreamQuark. La toute jeune société, elle n’a qu’un an et demi, vient contester rien moins que le géant IBM sur son tout nouveau dada, les systèmes cognitifs. « On ne fait pas la même chose que Watson, tempère Nicolas Mery. Le moteur d’apprentissage d’IBM a pour vocation de répondre aux questions qu’on lui pose en analysant le contenu du web. Nous, nous utilisons les modèles mathématiques de la physique des particules pour valoriser des lots de données et en déduire des comportements ». La startup, qui compte finaliser d’ici quelques semaines une levée de fonds d’un million d’euros, a déjà l’oreille attentive de plusieurs compagnies d’assurance françaises.

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Une présence française marquée

Avec plus de 160 startups à tous les niveaux de maturité, la France aura incontestablement marqué de son sceau cette édition 2015. Cette année, les startups françaises avaient reçu un soutien appuyé de l’Etat, en la personne de la Secrétaire d’Etat au Digital, Axelle Lemaire, venue défendre l’image de la France comme terre d’innovation. « Ne vous fiez pas aux préjugés et venez voir par vous-mêmes » a lancé la ministre, s’adressant tout particulièrement à la presse anglo-saxone. Sur-représentées dans le secteur de l’e-santé, les startup françaises sont aussi nombreuses à investir le domaine des technologies financières, du marketing et des réseaux sociaux. L’initiative French Tech avait choisi d’accompagner 18 d’entre elles sur le Websummit pour accélérer leur développement. Ce qui frappe lorsqu’on les rencontre, c’est le naturel avec lequel la jeune génération passe de l’idée à la création d’une entreprise.

Pour Benoit Pascal, fondateur de Sezam Labs, l’idée lui est venu en pensant à son père, organisateur d’un festival artistique. Comment faciliter le contrôle des entrées et la vente de consommations sur le site ? La réponse, un bracelet plastique équipé d’une puce sans contact servant non seulement de ticket d’entrée mais aussi de carte prépayée pour les consommations. « Et le coût de fabrication est si faible que les organisateurs du Websummit sont venus me voir », confie non sans fierté le jeune entrepreneur.

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Bouillonnement d’idées sous surveillance

Facebook, Microsoft, KPMG de manière officielle et bien d’autres de façon plus discrète, les startups ne sont pas les seules à avoir fait le déplacement. Comme l’explique X Baro de Siemens, « si on ne suit pas ce qui se passe ici, on risque d’être rapidement dépassés et boutés hors du marché ».  Même son de cloche chez Orange, représenté par sa division Orange Digital Ventures. « Accompagner les startups, c’est aussi anticiper les tendances réellement disruptives », explique Yann Kandelman, directeur de la division, aux startups françaises réunies lors de la soirée French Tech organisée par Business France. « Aujourd’hui, il suffit d’un PC et d’une connexion internet pour lancer son entreprise », nous explique un autre investisseur français. Pour lui, le salon fourmille de bonnes idées, mais à chercher dans une incroyable masse de propositions très inégales. « L’avenir seul dira si les tendances qui s’ébauchent ici se concrétisent ou non », poursuit l’investisseur avant d’appeler à l’écrémage. De la Hongrie aux États-Unis en passant par la France, les investisseurs rencontrés font tous le même constat. Avec plus de 40 000 visiteurs et plus de 3000 startup, le Websummit 2015 a ratissé large. « Peut-être trop », suggère Vincent Diallo, investisseur californien venu en Europe chercher des idées nouvelles. Si l’expérience reste positive et stimulante pour les startups, beaucoup sont venues ici sans s’y être vraiment préparées, et sans véritablement savoir ce qu’elles cherchent au juste. A côté de celles qui ont pu s’acheter un stand pour une journée ( de 500 à 3000 euros de source non confirmée ), de nombreuses startups ont fait le déplacement en tant que simple visiteurs. Elles ne tentent pas moins d’attraper au vol qui un investisseur, qui un partenaire potentiel.

Web summitChanger le monde

Manières de consommer ou de partager, accès à l’information, croisement inédits entre des disciplines scientifiques jusque là étanches les unes aux autres, malgré les apparences, c’est bel et bien la société de demain qui s’invente ici dans une cacophonie aussi effrayante que réjouissante.

Au fil des conférences, les ténors de l’informatique ou des réseaux sociaux y sont également allés de leurs idées disruptives, histoire de ne pas se laisser dépasser par ce mouvement de masse. Tandis que Facebook investit le champ de la réalité virtuelle avec forces démonstrations sur son stand, Instagram vient la prêcher sur la scène principale et prédire qu’elle servira bientôt à d’autres choses qu’à jouer en ligne. De son côté, Mobile Iron, spécialiste de la sécurité mobile, préconise rien moins que d’abandonner les systèmes de contrôle d’accès pour adopter une stratégie basée sur la confiance.

Changement d’époque, le Websummit se veut le creuset d’une économie plus collaborative où il faut commencer par donner, échanger gratuitement, avant de recevoir. C’est dans cet esprit qu’affirme se placer Pinterest en annonçant le lancement aux Etats-Unis d’un bouton d’achat grâce auquel les internautes peuvent directement acheter auprès de Pinterest le produit qui les intéressent.

Si le commerce s’arroge sans surprise la part du lion dans les thématiques abordées lors du Websummit, les startupeurs ne sont pas moins nombreux à venir écouter Forbes ou le NY Times sur l’avenir du média imprimé et la manière dont il s’adapte au digital, ou encore sur les outils digitaux à mettre au service de l’action caritative, de la solidarité ou de l’éducation.

Web-Summit-Stage

PaulPhiliponPaul Philipon-Dollet pour DOCaufutur.fr

Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.