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Le ticket resto virtuel cherche sa voie; enquête DOCaufutur, l’avenir du document

Tous les domaines d’activité s’ouvrent au numérique depuis que la digitalisation se généralise. Le monde des moyens de paiement n’échappe pas à cette transformation digitale. Témoin les chèques restaurant ont pris officiellement le terrain de la dématérialisation l’an dernier, soutenus par une réglementation encourageante. Mais leur percée sur le terrain est poussive.

La puissance d’Internet y est pour beaucoup. Poussant de nouveaux usages, le monde du Web ne pouvait plus se contenter des paiements traditionnels, qui ne savent pas toujours s’accommoder de ses attentes. Il a fallu lancer de nouveaux instruments de règlement et de nouveaux modes de paiement (Bitcoins, mpos, NFC, etc.). Là où le chèque, la carte bancaire et le virement régnaient sans partage, de nouveaux instruments sont arrivés, bousculant les habitudes des acteurs traditionnels du paiement. Désormais, payer en mode électronique ne pose plus beaucoup de doutes. Cette onde de choc a-t-elle poussé les fournisseurs de chèques déjeuner à franchir le cap en proposant des versions numériques sur le marché ? Si cet argument est à prendre en compte dans cette mutation technologique aux côtés des justifications réglementaires et de qualité de service, force est de constater que ce monde du chèque resto vit une véritable révolution numérique.

Giraffe with a blank boardUne réglementation peu contraignante

Porté par un décret du 2 avril 2014 précisant que « les titres restaurant peuvent être émis sur support papier ou sous forme dématérialisée« , cette réglementation est parue le paru vendredi 7 mars au Journal officiel. Si les entreprises, grandes consommatrices de ce moyen de paiement semblent avoir été prises de court, les opérateurs de ce support y voient avant tout une nette avancée. Sur la forme comme sur le fond.

Ainsi, dans le premier cas, une simple carte à puce vient désormais remplacer un carnet qui matériellement, est moins pratique à porter. En revanche, la véritable révolution réside sur le fond. Ainsi, le ticket resto dématérialisé est réellement nominatif ; il est valable pour une durée de 3 ans là où sa version papier était limitée à une année.  D’autre part, elle est protégée par un code secret. Ce qui, à priori devrait limiter son exploitation par les relatifs du détenteur. Cet argument est vite relativisé, quand on sait comment sont utilisées les cartes bancaires dans les familles voire les Cartes de professionnels de santé (CPS) dans les cabinets de santé voire les hôpitaux : dans ces deux derniers cas, le code secret est souvent communiqué à l’assistante qui peut ainsi commettre un acte grave, à savoir: accéder aux données personnelles d’un patient.

Au-delà de ce constat, le chèque resto électronique introduit d’autres avantages pour ses opérateurs comme pour les utilisateurs. Désormais, ces derniers ont la possibilité de régler leur note au centime d’euro près. Le salarié est débité de la somme exacte pour laquelle il a consommé, ce dans la limite du montant quotidien autorisé. Cela arrange également le commerçant qui n’a plus à tenir une comptabilité des avoirs, voire à rendre la monnaie aux consommateurs, démarche totalement interdite.

Des services nouveaux accompagnent cette mouture électronique. Ainsi, désormais, une carte égarée ou volée pourra être mise rapidement en opposition. Intéressant là où la formule papier peut être utilisée par le premier venu, sans possibilité de vérification par le commerçant.

D’autre part, le solde de la carte électronique peut également être consulté et l’utilisateur a la possibilité de géolocaliser les points de vente qui acceptent son moyen de paiement.

L’introduction de la version électronique des tickets restaurant va également entraîner la fin de certaines pratiques interdites par la loi mais non respectées par les utilisateurs : les dépenses quotidiennes sont limitées à 19 euros, à savoir deux tickets en moyenne ; ce moyen de paiement ne peut être utilisé les jours fériés et le dimanche, exception faite pour les salariés exerçant  ces jours-là. Soumise à cette réglementation, la version virtuelle risque fort d’introduire un assainissement des pratiques dans ce domaine.  Car les opérateurs de tickets resto électroniques prévoient une fonction de blocage automatique du paiement comme institué dans le décret d’application.

Fun fish and chipsUn marché oligopole

Partagé par quatre opérateurs historiques, le marché du ticket restaurant  pèse 5 milliards d’euros.  Edenred (Ticket Restaurant), Sodexo (Chèque Restaurant), Chèque Déjeuner et Natixis (Chèque de Table) se livrent une concurrence féroce que viennent également affronter deux nouveaux acteurs que sont Moneo Resto, qui propose le paiement par carte bancaire) et Resto Flash, spécialiste du paiement par smartphone.

Une double solution au catalogue marketing

Pour tous ces acteurs, l’arrivée de la solution dématérialisée impose la prise en compte de ce virage stratégique. Le groupe UP, (ex-chèque-déjeuner) propose désormais deux solutions dans son catalogue : traditionnelle et dématérialisée. La carte électronique est associée à un compte en ligne et à un espace client privatif. Ainsi que des services d’accompagnement. L’employeur peut commander ses Cartes Chèque Déjeuner directement en ligne pour ses nouveaux collaborateurs, voire remplacer celles qui ont été mises en opposition ; il profite également de son espace personnel pour recharger les comptes de ses collaborateurs en fonction de la fréquence souhaitée. Enfin, l’outil d’administration proposé permet d’accéder à de multiples fonctionnalités pour gérer les supports carte des collaborateurs (mise en opposition, annulation, désactivation,…), gérer les opérations liées aux chargements, consulter l’historique ou télécharger les factures dématérialisées.

La carte Moneo Resto fonctionne sur le même principe. Comme l’indique sa Base line marketing, « même principe que le ticket resto papier, seul le support change. » Mais faut-il le rappeler, les services associés à cette offre changent carrément la donne, quand on passe du papier au numérique.

Pour autant, comment réagissent les entreprises sur le terrain ? Deux catégories d’utilisateurs existent : d’un côté, ceux qui ont plongé rapidement sur ce nouveau mode ; de l’autre les attentistes. Une telle dualité est liée au fait que la réglementation régissant cette innovation est facultative : aucune entreprise n’est obligée de mettre en place le ticket resto électronique. Du coup, le rythme de bascule à ce support sera variable et lié au bon vouloir du chef de l’entreprise. Selon les opérateurs, l’adoption de ces nouveaux moyens de paiement nécessite parfois le lancement d’un projet à part entière avec, à la clé, la mise en place d’une équipe pilote pour tester le dispositif et évaluer l’intérêt de l’adopter ou pas.

Au-delà de ses atouts, le ticket resto électronique embarque dans son sillage la remise en cause de quelque pratique répréhensible, du fait de la traçabilité qu’il introduit. Quoi qu’il en soit, il devrait progressivement se faire une place au soleil, sans pour autant damer le pion rapidement à son ancêtre en papier. Deux solutions cohabiteront donc sur le terrain, les opérateurs devant consentir un effort particulier pour gérer ces deux environnements.

Emmanuel Mayega Emmanuel Mayega pour DOCaufutur.fr

Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

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Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.