99 milliards d’euros, c’est l’économie que pourrait réaliser l’UE grâce à la santé sur mobile ou m-Santé, en plus des 93 milliards ajoutés à son PIB si elle se développe d’ici 2017[1]. Le World of Health IT – WoHIT 2014 – qui se tiendra à Nice du 2 au 4 avril, traite des dernières tendances numériques santé. Il consacrera un symposium, la journée du 2 avril, à ce secteur émergent et très prometteur. Des experts internationaux dont Jean-Michel Billaut, s’intéresseront aux modèles économiques et les usages de la m-Santé.
Applications m-Santé, des outils pour des patients plus autonomes ?
Les systèmes de santé européens font face à leur avenir avec une population vieillissante et l’augmentation des maladies chroniques dans un contexte budgétaire difficile. Le développement de la m-Santé représente une des solutions pour alléger le poids des dépenses tout en étant un gisement de valeur avec le développement d’une nouvelle filière. La tendance générale au « patient empowerment » ou autonomisation du patient qui fera également l’objet d’une session le 3 avril, favorise l’adoption de la m-Santé. Selon les estimations, elle permettrait de soigner au niveau de l’EU 24,5 millions de patients supplémentaires avec un nombre égal et constant de professionnels de santé et d’équipements.
Un meilleur diagnostic et suivi des patients chroniques
En Europe, la m-Santé pourrait permettre à 11,2 millions de patients chroniques ainsi qu’à 6,9 millions de patients à risque de développer des pathologies, de prolonger leur carrière professionnelle. John Grumitt, vice-président, Diabetes UK, soulignait récemment, que 15 % des lits à l’hôpital étaient mobilisés par des patients diabétiques dont seulement 9% avaient reçu un diagnostic primaire. Ils doivent être identifiés beaucoup plus tôt car traiter une complication de cette pathologie est plus difficile et plus coûteux. John Grumitt, remarquait également qu’environ 80 % des amputations dues au diabète pourraient être évitées si un bilan était établi régulièrement.
Pallier le manque de ressources
La désertification médicale n’est pas une problématique purement française, d’ici 2025, 75% des médecins généralistes suisses seront à la retraite ; l’Allemagne devra quant à elle, en remplacer 23 000 en 2020[2]. L’accès aux soins primaires sera par conséquent moins aisé. Afin de limiter le poids des dépenses, les autorités sanitaires renforcent leurs programmes d’éducation thérapeutiques du patient afin qu’il devienne acteur de sa santé en étant plus autonome. Le développement de la m-Santé permettra à termes, de réduire le nombre d’hospitalisation, et d’améliorer la santé des populations. Les diagnostics seront facilités afin de limiter la sévérité des maladies chroniques, les traitements seront gérés à distance depuis les mobiles, évitant ainsi des visites aux médecins en ville ou à l’hôpital. Les décisions cliniques seront facilitées avec plus d’informations et d’analyses disponibles. 11,2 millions de patients atteints de pathologies chroniques pourraient mieux gérer leur condition physique et optimiser les soins qui seraient adaptés par les soignants d’ici 2017. Une étude suédoise montre que l’utilisation de tablettes et terminaux connectés par les professionnels de santé leur permettrait de gagner 30 % de leur temps consacré à l’accès et à l’analyse de données.
Marion Boutemy-Deniau Directrice France de HIMSS Europe conclut : « les bénéfices de la m-Santé sont potentiellement très importants. Toutefois, les barrières sont encore trop nombreuses, qu’elles soient d’ordre règlementaire, économique, technologique ou sociologique. C’est pourquoi, la m-Santé doit être intégrée aux stratégies nationales de santé aussi bien au niveau de l’information que de la législation. Pour le moment, les experts du secteur estiment qu’en 2017 seulement 10% des utilisateurs potentiels pourraient adopter ces solutions.»